Richard Walters

L'histoire de Richard Walters aurait pu ressembler à celles de bien d'autres folkeux dans son genre : le bonhomme aurait pu tomber un jour sur une guitare acoustique et s'être mis à grattouiller quelques accords un soir de pluie. Ne manquerait plus qu'il possède un physique à la Brad Pitt et James Blunt aurait alors trouvé son grand concurrent !

Mais à vrai dire, Richard Walters n'a vraiment rien à voir avec cette mouvance (ni avec le physique de Brad Pitt ou James Blunt) et brouille plutôt les pistes ; le nom de son album, The Animal, est d'ailleurs sans doute choisi ironiquement car on a plutôt du mal à lui trouver dans ses chansons folk un penchant pour la bestialité. Même la pochette de son disque semble totalement décalée : casque sur les oreilles et câbles dans la bouche, l'artiste ressemble davantage à DJ électro autiste qu'à un doux chanteur soucieux de son image de beau gosse.
Toujours est t-il qu'à seulement 26 ans, l'anglais maîtrise déjà son art comme un chef ! Pas novice pour un sou, il s'est déjà fait remarquer par une poignée d'EPs et a déjà joué avec des membres de Supergrass et des Cranberries (le guitariste Noël Hogan sur le projet Mono Band), ce qui lui permet de défendre aujourd'hui son premier album avec bien du recul et une solide expérience de musicien.

Oxfordien exilé à Paris, Richard Walters a conçu The Animal sur une période de trois ans, en prenant soin de jouer de tous les instruments (piano, guitare, basse, synthé...). Trois années qui expliquent sans doute la qualité de ce disque, représentée autant par la douceur de ses mélodies habitées que par son chant immaculé et fragile.
Produit par David Kosten, déjà aux commandes sur des productions de Bat For Lashes ou Faultline, l'album brille par son équilibre : romantique sans être trop mielleux, sensible sans être pathétique, mélancolique sans être le disque à l'eau de rose idéal pour représenter la bande-son de comédies sentimentales désincarnées, The Animal peut ainsi autant séduire les fans d'Andrew Bird (sur Brittle Bones) et Sufjan Stevens (sur l'épique The Animal) que de Piers Faccini ou James Blunt (sur All at Sea et Crawl Up to My Room).

Principalement basées sur la guitare et le piano, les dix chansons proposées ici tirent leur force et leur séduction par la voix de songwriter, remarquable lorsqu'il monte dans les octaves (American Stitches) que par leurs arrangements judicieusement bien placés. En témoignent les chœurs sur la plupart des titres ou les nappes épaisses de synthé sur Spirit of the Stairway. Dénudées sur Red Brick et Weather Song, emportées sur le presque radioheadien We Have Your Head ou plus standards sur l'appréciable reprise de True Love Will Find You In the End de Daniel Johnston, les comptines de Richard Walters sont construites tels des puzzles, chaque son, ambiance, note ou accord apportant toujours plus de magie à l'œuvre.

Un animal ce Walters ? Un lion, sûrement pas, une biche déjà beaucoup plus...