Chronique Album
Date de sortie : 06.05.2013
Label : Sub Pop Records
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 4 mai 2013
Il aura fallu attendre environ un an et demi pour découvrir la suite de l'excellent premier album des anglais de Still Corners, Creatures Of An Hour. Ce premier opus magique avait alors été encensé par la critique et révélé au public le magnifique duo que constituent Greg Hugues et Tessa Murray. En fin d'année dernière, le groupe avait sorti un nouveau 45 tours, Fireflies, davantage électronique et somme toute un peu décevant. L'album allait-il suivre cette même direction ?
Strange Pleasures démarre avec le long et très réussi The Trip, voyage où Still Corners nous affichent de nouvelles couleurs par rapport à leur précédent essai. En effet, le premier album avait une coloration plutôt sombre. Au-delà de la couleur, il y avait un sentiment de douleur qui était souvent présent dans les compositions du duo. Cette fois, la musique du groupe parait plus enjouée, même si, soyez rassurés, elle se situe à des années lumière d'une musique festive.
Le point marquant du disque est l'utilisation des synthétiseurs dans une tendance beaucoup plus années 80s que sur le précédent album. Certes, une copie ou relecture de Creatures Of An Hour n'aurait pas servi à grand-chose, mais cette idée d'avoir voulu replonger de la sorte dans l'univers synthetico 80 ne produit pas le même effet que lors de la découverte de leur premier disque. Par exemple, I Can't Sleep nous rappelle Chairlift, Fireflies évoque Saint Etienne.
Tessa Murray se fait beaucoup moins envoutante ici, sa voix est bien moins éthérée, bien plus affirmée. Il faut bien avouer que cela avait son charme. Still Corners réapparaissent à la lumière mais perdent en intensité. Le disque a finalement le même défaut que le second album de Wild Nothing. Le côté synthétique de chacun dessert de la même manière les deux groupes. Heureusement, ponctuellement, Strange Pleasures réussit à nous captiver un peu. C'est le cas notamment avec la jolie balade Going Back To Strange ou Midnight Drive, chanson de jonction entre les deux albums. Si Beatcity sonne un peu comme les Chromatics, la plage finale du disque semble avoir été composée par Moby pour un disque ambiant.
Vous l'avez donc probablement bien compris, ce disque n'est pas à la hauteur des espérances. Cela est d'autant plus dommage que, sur scène, Still Corners avaient un côté très électrique, voire même parfois noisy, et ce revirement synthétique est assez décevant. Remember Pepper, le premier six titres du groupe (auquel ne participait pas Tessa Murray) était très différent de Creatures Of An Hour, il y a donc fort à parier que la suite de Strange Pleasures sera toute autre. Confirmation dans un an et demi ?