Chronique Album
Date de sortie : 13.05.2013
Label : 1st International
Rédigé par
Julien Soullière, le 6 mai 2013
Mettons les choses au clair : à l'heure de m'atteler à cet article, Primal Scream, ça n'était pour moi qu'un nom, un album (Screamadelica, dont j'ai souvent entendu parler, sans pour autant l'avoir écouté un jour), et deux singles d'une efficacité indéniable, bien qu'ils ne pouvaient être plus opposés: là où Country Girl sonnait comme une joyeuse épopée folk et datée, la fiévreuse Can't Go Back levait le voile sur un groupe autrement plus ancré dans son temps, confirmant alors certaines des choses que j'avais pu entendre ici et là : la musique de Primal Scream est aussi protéiforme que l'humeur des ses membres est changeante.
Pour être tout à fait franc, je ne saurais dire pourquoi je ne me suis jamais réellement plongé dans la discographie de ce groupe culte au Royaume-Uni, adoubé par Noël Gallagher, et en activité depuis plus de trente ans maintenant. Reste qu'il n'est jamais trop tard pour quoique ce soit, et qu'en l'état, faire ses armes avec More Light donne sacrément envie de persévérer : pas toujours facile d'accès, le dixième album de Primal Scream n'en reste pas moins un met plein de saveurs.
Alors, quand je dis « pas toujours facile d'accès », c'est que j'ai écouté l'une ou l'autre fois Beautiful Future (conscience professionnelle oblige), leur dernier disque en date, et si celui-ci m'est apparu comme bien charpenté, il n'en reste pas moins foutrement basique. More Light, lui, verse parfois dans une simplicité déconcertante, en témoigne un It's Alright, It's OK aussi clair, net et précis qu'un énième morceau des Stones, mais ne se prive jamais de partir à l'aventure, à l'occasion de morceaux endurants et dont la durée peut varier de sept minutes pour River Of Pain et Relativity, à pas moins de neuf minutes pour le titre d'ouverture. Au dessus de ces compositions, d'ailleurs, d'aucuns affirment avoir vu planer l'ombre du regretté Jim Morrison; comment leur en vouloir, tant psychédélisme, guitares rock et tonalités orientales se marient ici à la perfection.
En parlant de guitares rock, précisons quand même que si elles se taillent la part du lion, More Light n'en est pas moins riche de ses cuivres, le final tout saxo dehors de la vrombissante Hit Void n'étant qu'une preuve parmi d'autres de cette affirmation. Force est aussi de constater que ce nouvel album est du genre agité, et à dire vrai, en dehors de Goodbye Johnny et Walking With The Beast, difficile de trouver matière à contenter les amateurs de soaps. Ici, on tire, et on parle éventuellement après. Rayon joyeusetés, petit faible pour la géniale Culturecide, un titre suffisamment politique et enflammé pour évoquer un bon Rage Against The Machine (le phrasé de Bobby Gillepsie n'est pas étranger à cette impression). Tout en saturations, Hit Void tire elle aussi son épingle du jeu, de même qu'Invisible City, qui bien que sévèrement burnée, préserve cette folle insouciance propre aux années 70. En parlant d'insouciance, It's Alright, It's Ok, morceau folk finalement des plus mielleux, arrive en fin de disque comme un cheveux sur le potage. Peut-être est-ce une question d'ambiance, mais le titre dénote vraiment avec le reste de l'album, tel un contre-pied.
Dans l'absolu, il n'y a somme toute pas grand chose à reprocher à More Light. C'est même un très bon disque de rock, abreuvé à ras bord d'influences d'un autre temps, mais inspiré, et mené avec brio de la première à la dernière note.