James

Depuis leur retour sur le devant de la scène en 2007, James ont maintenu un rythme effréné. Avec Yummy, leur huitième album studio depuis cette résurrection, le groupe ne cesse de surprendre. En plus de deux enregistrements live électrisants et d'une revisite orchestrale audacieuse de leurs quarante ans de carrière, intitulée Be Opened By The Wonderful, James prouvent une fois de plus sa capacité à innover. Même si ce dernier projet était un tant soit peu longuet, l'idée de réinterpréter leurs classiques était intéressante. Mais quel chemin musical allait emprunter le groupe pour ce nouvel opus ? C'est la question qui taraudait les esprits curieux de découvrir la prochaine évolution sonore de James.

Is This Love, single et morceau d'ouverture de Yummy, met les pendules à l'heure dès les premières mesures : l'amour sur un rythme festif. Nous sommes donc loin de l'incursion avec orchestre de Be Opened By The Wonderful qui aurait pu laisser penser à une nouvelle voie musicale. Yummy est là pour confirmer que James sont résolument tournés vers l'avant. Avec désormais neuf membres, le groupe semble puiser son inspiration dans des horizons plus vastes, évitant tout retour nostalgique aux racines des années 90. Il faut se fier à l'évidence : un Laid numéro 2 n'est pas à l'ordre du jour pour James, et ce nouvel album en est la parfaite illustration. Le groupe prend ici un virage assumé vers des sonorités plus commerciales, mais qui pourrait les blâmer ? Malgré une présence relativement discrète sur les scènes françaises depuis leur reformation, leur popularité au Royaume-Uni n'a jamais été aussi grande, surpassant même peut-être leur période de gloire avec Sometimes.

En conséquence, le son de James a subi une métamorphose notable. Tim Booth, toujours aussi engagé, aborde des thématiques profondes telles que l'état préoccupant de notre planète ou encore les failles des prétendues démocraties, mais les mélodies sur lesquelles il le fait ne nous parlent plus comme par le passé. Un exemple frappant en est Life's A Fucking Miracle, un single extrait de Yummy, qui se veut funky. De même, les sifflements entraînants qui ouvrent Our World, premier single annonciateur de l'album, nous transportent dans un univers musicale enchanteur, tandis que Tim Booth dénonce dans ses paroles un monde où respirer devient un danger mortel en raison de la pollution omniprésente. On ne sait pas quoi penser de ce contraste entre la gravité des propos et les mélodies. De ce fait, bien que l'on adhère aux propos du chanteur, le plaisir musical se fait assez rare, à quelques exceptions près. Rogue est un retour aux sources bienvenu, avec son son de basse distinctif et sa mélodie mélancolique, tandis que Butterfly offre un moment de pure délicatesse avec ses guitares acoustiques et sa montée musicale progressive. Stay séduit également, malgré des chœurs parfois trop envahissants.

Yummy n'est donc pas un mauvais disque en soi. Ce qui laisse perplexe, c'est plutôt l'évolution musicale de James qui peine à susciter autant d'enthousiasme que par le passé. Tim Booth reste engagé et son chant est de qualité, mais les mélodies qui l'accompagnent ne captivent plus de la même manière. Nous sommes vraiment les premiers à le regretter.