Kelly Jones

Pour continuer dans la lignée de notre retour à la pop à piano, ceci depuis notre récente immersion des plus nostalgiques dans Hopes And Fears de Keane, applaudis il y a peu à l'Olympia, quoi de mieux que de retrouver un autre de nos héros de jeunesse avec lequel nous avons fait nos premières armes en concert, Kelly Jones ? En ce joli mois de mai qui débute, l'humeur est à la douceur et le nouvel opus solo du leader de Stereophonics intitulé Inevitable Incredible tombe à point nommé.

Malheureusement laissés en plan pour la tournée promotionnelle de Oochya! il y a deux ans maintenant, cela fait quelques temps que nous nous impatientons du retour en live de Kelly et sa bande, vus pour la dernière fois à Paris en janvier 2020, avant que le COVID-19 ne bouleverse notre petit monde. Nous avons pu cependant nous consoler durant les longs mois de confinements avec le disque de la tournée de Kelly Jones, Don't Let The Devil Take Another Day, qui a fait l'objet d'un film documentaire mais qui malheureusement n'a également pas franchi nos frontières. Est-ce à conclure que notre ami gallois boude la France ? Nous n'irons pas jusqu'à pencher pour une telle hypothèse, votre chroniqueuse ayant un excellent souvenir de sa rencontre avec le musicien il y a deux ans dans un café prestigieux de la Madeleine. Cependant, point de Kelly ni de Stereophonics depuis...


Ceci jusqu'à la réception de Inevitable Incredible, album de pure pop orchestrale dont Kelly Jones a le secret depuis quelques années déjà. Ses excursions en dehors de Stereophonics ont toujours pris l'allure de ballades douces et extrêmement mélodieuses, où ses talents de pianiste sont particulièrement mis en valeur. Ainsi, nous retrouvons en tout juste huit pistes la plume romantique et toujours inspirée de Kelly, qui d'un morceau à l'autre propose des titres à la musicalité très travaillée avec violon et guitare acoustique (Turn Bad Into Good et ses échappées de cordes très lumineuses, Echowrecked et ses petites percussions printanières ou le titre éponyme Inevitable Incredible sur lequel les violons offrent une tension délicieusement dramatique) et des plages où le piano domine fortement, avec le chant magnifiquement mis en exergue, son timbre de voix faisant fi du temps qui passe (Sometimes You Fly Like The Wind, Monster In The House et le très beau titre de clôture aux accents country The Beast Will Be What The Beast Will Be).


Chaque morceau se révèle être une petite ode à la pop fleurie et insouciante que Kelly Jones maîtrise parfaitement. Ses talents de songwriter se mettant depuis longtemps maintenant au service d'une pop-rock calibrée pour les stades avec Stereophonics depuis qu'ils ont atteint les sommets des charts britanniques à la fin des années 2000, on apprécie le côté un peu plus dépouillé de ses compositions solo. Cependant, bien qu'il nous soit toujours très agréable de l'écouter chanter, nous devons reconnaitre que son répertoire se borne toujours à une pop aux contours qui manquent cruellement d'angles. Hormis le titre d'ouverture qui se présente comme une très bonne entrée en matière et est doté de pas mal de caractère, nous survolons le reste du tracklisting un peu trop rapidement, sans jamais réussir à trouver quelque relief dans la cartographie du disque. Pour quelqu'un ayant délaissé le rock à guitare des débuts avec sa formation, reconnaissons qu'il serait extrêmement délectable de retrouver un peu de niaque et d'audace dans les échappées solo du musicien.

Plus à l'image des prairie anglaises aussi plates que magnifiques que des vallées galloises aux reliefs accidentés, Inevitable Incredible de Kelly Jones est un bel album de pop orchestrale mais qui nous laisse encore sur notre faim tant nous connaissons le potentiel de son auteur.