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Le Rock Dans Tous Ses Etats

Evreux, du 27 au 28 juin 2008

Live-report rédigé par Fab le 30 juin 2008

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vendredi 27
Alors que la guerre des festivals s'annonce cette année plus féroce que jamais avec l'arrivée sur le marché de Clearchannel symbolisée par la mise en avant du Main Square Festival, le Rock Dans Tous Ses Etats, traditionnellement organisé à Evreux à la fin du mois de juin, fêtait en cette année 2008 son vingt-inquième anniversaire. Un quart de siècle d'existence marqué par une programmation plus variée que jamais, une poignée de déceptions, de nombreuses surprises tout au long d'un week-end ensoleillé... et un bilan au final plus qu'honorable !

Alors que le public n'est pas (encore) au rendez-vous à 16h30, le français Alister est malgré tout propulsés en ouverture de l'événement Ebroïcien devant une très faible affluence constituée de curieux majoritairement éparpillés face à la scène B du festival. Avec des textes écrits dans sa langue natale, le parisien peine à réellement marquer son identité en dépit du succès d'estime rencontré ces dernières semaine par l'efficace single Qu'est ce qu'on va faire de toi ?, un titre certes efficace mais au niveau duquel bien peu d'autres compositions parviennent à s'élever. Un vrai concert de début de festival, agréable mais rapidement oublié. Il en sera de même sur la Papa Mobile à quelques minutes d'intervalle, avec un set bruyant et très rentre-dedans de The Elektrocution, mais dont l'intérêt est tout aussi discutable.

Il faut ainsi attendre un peu plus d'une heure avant de découvrir une première prestation réellement digne d'intérêt, à savoir celle des américains de Battles, venus défendre leur album Mirrored une dernière fois en Europe avant de travailler sur un successeur des plus attendus. Quarante cinq minutes d'expérimentations et autres constructions math-rock, modérément appréciées par un public rapidement découragé, sans doute en raison d'un manque d'accessibilité de leur musique et d'un horaire peu adapté à l'appréciation de performances de ce type. Un concert en demi-teinte, à l'exception d'un Atlas réjouissant comme au premier jour et du convaincant Race In. Le temps d'effectuer une nouvelle traversée du festival, et d'apprécier au passage l'énergie délurée de Curry & Coco, que voici déjà 65daysofstatic débuter leur set avec leur traditionnel déluge électronique d'introduction. Une prestation à la hauteur de la réputation de la formation de Sheffield, à mi-chemin entre post-rock et musique progressive, durant laquelle le meilleur de chacun de leur trois albums aura été présenté avec une belle assurance. Si l'on pourra malgré tout regretter l'absence du tonitruant Dance Parties, la qualité des Retreat! Retreat!, Aren't We All Running ou du superbe et imparable Radio Protector se révèle une fois encore plus que suffisante pour attiser l'intérêt des novices et satisfaire les quelques amateurs du groupe fraîchement libéré de ses obligations mondiales auprès de The Cure.

Un nouvel aller-retour nous amène ainsi à vérifier quelques titres durant que la popularité grandissante de Moriarty n'est pas usurpée, avant de profiter d'une pause bien méritée alors que deux prestations d'un intérêt limité se déroulent simultanément. Si le grand public semble malgré tout s'enthousiasmer à l'écoute des rythmes africains d'Amadou & Mariam, au grand dam des puristes, c'est un concert pour le moins décevant et sans âme que Tahiti 80 proposent sur une Papa Mobile bien sage. Une petite heure de flottement avant que les mexicains de Rodrigo y Gabriela ne se chargent de sonner la révolte. Force est de constater que Rodrigo Sanchez et Gabriela Quintero, tantôt assis tantôt plus sautillants, semblent avoir créé une recette des plus originales en proposant un flamenco acoustique joué au rythme du death metal. Une prestation surprenante et rafraîchissante que l'on n'hésitera pas à retenir parmi les plus originales et marquantes de la journée à l'heure du bilan, alors même que Shara Worden, aka My Brightest Diamond, semble quant à elle plus préoccupée par son allure vestimentaire et ses pauses que par le cruel manque de relief de ses compositions peut-être trop intimistes.

Véritable succès populaire tout au long d'une prestation menée avec sérieux et un grand professionnalisme, John Butler Trio passe indéniablement comme la véritable tête d'affiche d'une journée parfois trop sage. Un set rondement mené face à un public franchement enthousiaste et débordant d'énergie, dans un style efficace mais parfois trop redondant pour véritablement pouvoir retenir l'attention alors que les excellents Why? se produisent quant à eux dans une atmosphère plus intimiste sur la Papa Mobile. Avec un chant tantôt parlé tantôt plus mélodique, le tout porté par des ambiances trip-hop plus ou moins relevées, les américains ont proposé l'une des prestations les plus réussies de la journée en dépit d'un son sans cesse parasité par la puissance sonore déployée sur la scène principale du festival. Un point noir relevé tout au long du festival au détriment de nombreux groupes.

La fin de la soirée est ainsi dédiée à des formations plus festives, à l'image d'une prestation surprenante de Caravan Palace que personne, ou presque, ne semblait même attendre ou connaître. Un mélange détonnant de jazz manouche et beats électroniques auxquels des sonorités blues et de nombreux instruments se greffent tout au long d'un concert haut en couleurs... alors que les amateurs de dancefloors se tournent quant à eux vers Birdy Nam Nam puis les DJ sets de qualité diverse, avec un Surkin parfois lourdingue et répétitif alors qu'Agoria se révèle plus subtile.

Une première journée réussie en dépit de quelques ratés, en attendant un samedi des plus prometteurs...
artistes
    Alister
    The Elektrocution
    James Deano
    Melt-Banana
    Battles
    Curry & Coco
    65daysofstatic
    Moriarty
    Tahiti 80
    Amadou & Mariam
    Rodrigo y Gabriela
    My Brightest Diamond
    John Butler Trio
    Why?
    Birdy Nam Nam
    Surkin
    Caravan Palace
    Agoria
    Danton Eeprom