De passage à Paris pour un concert au Nouveau Casino, les Ecossais de Glasvegas en ont profité pour nous présenter leur second album et leur nouvelle batteuse. Et c'est malgré une bonne grippe et presque assommé par une ampoule tombée du plafond que James Allan, accompagné de son cousin Rab, Jonna Löfgren et Paul Donoghue, nous a reçu dans une ambiance franchement conviviale.
Vous revenez avec un second album, EUPHORIC /// HEARTBREAK \\\. Quel est le sens de ce titre ?
James : Évidemment, les deux termes sont assez antagonistes mais ils reflétaient bien notre état d’esprit au moment de l’enregistrement. Dire au-revoir à quelque chose et embrasser autre chose. De plus, ces deux termes résument assez bien l’atmosphère de chacune des chansons.
Jonna est depuis près d’un an votre nouvelle batteuse. Son arrivée a-t-elle changé quelque chose à la dynamique du groupe ?
James : C’est la meilleure batteuse qu’on ait eue. Mais ce n’est pas qu’au niveau de la musique que le courant passe bien. Il fallait aussi qu’on s’entende et je suis content des relations qu’on entretient dans le groupe, le sens de l’humour qu’on partage. Je m’engueule toujours avec les gars bien sûr, mais à la fin, nos points communs nous rassemblent toujours .
Jonna, tu as intégré un groupe qui avait déjà une certaine popularité. Comment cela s’est-il passé pour toi ?
Jonna : J’ai vraiment eu une chance incroyable. Je commençais à travailler comme musicienne de studio et sur une comédie musicale quand j’ai reçu ce coup de téléphone incroyable. Quand j'y repense, je me dis que j'ai vraiment eu une chance peu commune.
Un second album est une étape importante pour un groupe et dans votre cas, il est très attendu, au regard du précédent qui fut une belle réussite. Était-ce un stress pour vous ou plutôt motivant ?
Rab : On a surtout bu beaucoup de cocktails pour faire passer le stress !
James On est tous assez stressés mais on a vraiment de la chance : des fans qui croient en nous et une maison de disques qui nous laisse travailler. C’est nous qui nous mettons la pression : on a beaucoup d’attentes envers nous-mêmes, on veut être capables d’utiliser tout notre potentiel. On est un peu comme tout le monde : le plus dur reste d’être au niveau de nos attentes. Il n'y a pas de juge plus dur que soi-même.
Votre nouvel album apparaît beaucoup plus complexe que le précédent, plus puissant aussi. Est-il destiné à devenir le disque qui définira Glasvegas pour la postérité ?
James : Un peu comme si on pouvait prendre notre retraite après cet album ? C'est assez proche de ça en fait. Il nous définit plutôt bien.
Vous avez toujours accordé une grande importance à la musique des années quatre-vingt. Pourquoi un tel attachement à cette période ?
Rab : Nos sœurs écoutaient Madonna et quoiqu'on fasse, on a baigné dans un environnement musical particulier qui nous a influencé. De notre côté, on était surtout fans de Depeche Mode.
EUPHORIC /// HEARTBREAK \\\ contient une chanson en français. Pouvez-vous nous expliquer l'histoire de ce titre ?
James : C'est du Québecois. J'avais envoyé la version écrite à une amie au Canada, croyant qu'elle me renverrait la traduction, mais en fait, elle me l'a envoyée en version audio et j'ai décidé de la garder telle quelle. Notre amie n'était même pas au courant de ce choix au départ !
Vous dégagez une certaine énergie sur scène mais pourtant vous avez toujours donné des titres plutôt sombres à vos chansons. Y a-t-il une raison particulière ?
James: On n'est pas un groupe très optimiste à la base, il faut le reconnaître, mais on n'a jamais eu spécialement l'intention d'écrire des chansons sombres. On s'est trouvés à un moment de nos vies où c'est ce qui reflétait le plus nos existences.
Vous avez enregistré cet album en Californie. Le lieu a-t-il eu une importance particulière sur vous ou sur l'album ?
James : Sur moi, aucune. Je n'ai jamais bronzé (rires) ! J'ai passé mon temps à me cacher du soleil, je suis plutôt désagréable si je reste trop longtemps exposé. Ma sœur vous raconterait comment je devenais cinglé, enfant, quand on devait rester sur la plage ! J'avais même un parapluie pour me protéger, donc le côté palmier et plage de la Californie, je l'ai laissé de côté. Sur l'album, je ne me rends pas vraiment compte. La Californie nous a longtemps fait rêver, c'est un peu un lieu mythique. On s'est décidé de façon assez instinctive en tout cas pour aller produire l'album là-bas.
Le fait d'être Écossais et d’appartenir à cette scène musicale a-t-il une importance particulière pour le groupe ?
James : C'est une partie intégrante de notre identité. On vient de familles bizarres, on déteste bronzer ! On est toujours assez fiers de se présenter comme groupe écossais même si Jonna, qui ne l'est pas, se fond bien dans la masse écossaise qu'on représente (rires). L’Angleterre est un peu le grand frère et on aime bien se rebeller, se comparer à eux. Tu vois la série Scooby Doo et Scrappy Doo ? c'est un peu le genre de relations qu'on entretient avec ceux de l'autre côté de la frontière... Wow, une ampoule ! Je disais que... il n'y a pas une autre ampoule prête à tomber là ?
[NB : Vérification faite, les ampoules tenaient encore]
Alan McGee est l'un de vos plus fervents supporters. Vous avez toujours eu son soutien indéfectible...
James : C'est son côté chauvin. On se soutient entre Écossais (rires) ! Alan est presque devenu un membre de notre famille. Même quand le groupe n'était pas au top, il s'est démené pour qu'on y arrive. Et c'est un peu comme avec nos parents, quand on veut qu'ils soient fiers de nous. On fonctionne pareil avec Alan.
Hormis lors de l'enregistrement du nouvel album, vous n'avez jamais arrêté de tourner. Est-ce pour vous la part la plus importante du travail d'un musicien ?
James : On adore être en tournée. Même si certains soirs, on craint un peu le public, alors que d'autres tout nous semble totalement naturel. C'est un job et une passion, et combiner les deux, c'est vraiment le pied.
Vous partez bientôt en concert au Japon, en Australie, au Royaume-Uni. Le côté extensif d'une telle tournée ne vous fait pas peur ?
James : On est prêts et, attention, on pourrait bien revenir par Paris très bientôt !