Ce soir, l’International accueille pour cette première partie de soirée un trio franco-italien basé à Berlin : The Somnambulist.
Départ quelque peu laborieux puisque le guitariste casse une corde après seulement quelques secondes ; qu’à cela ne tienne, le groupe ne se démonte pas et continue en improvisation free jazz. Ce sera devant un public clairsemé (une vingtaine de personnes pour commencer) que le groupe nous délivrera son ambiance dramatico-épique. Imaginez un chanteur aux accents de Tom Waits, un violoniste hors-normes (œuvrant notamment au sein du collectif Les Hurlements d'Léo) et un batteur de jazz contemporain et vous aurez une idée de l’univers torturé de The Somnambulist.
Les structures mélodiques sont surprenantes, parfois planantes, parfois sombres, oscillant entre le rock dark et la musique balkanique. Le violoniste s’essaie au theremin tandis que le batteur frotte un archer sur la structure de la batterie. Le chanteur aux airs de dandy hurle et le tout vire presque à la musique expérimentale. Il faut dire que les membres de ce groupe travaillent à la création de musiques de film, à l’écriture de scénarios pour le théâtre et le cinéma, ce qui nourrit leurs compositions et se retrouve dans la richesse instrumentale du combo.
L’ambiance est déjantée, le chant éraillé imbibé de tabac et de whisky. Les titres s’étendent pendant de longues minutes et flirtent avec des sonorités venues d’ailleurs. Indus, post-punk, il est difficile de définir les influences de The Somnambulist mais une chose est sûre : les trois musiciens usent et abusent de leurs références artistiques pour nous combler de leurs compositions habitées. Le public l’aura compris ce soir puisqu’il se fera de plus en plus nombreux. Une agréable découverte mais la scène est vite dégagée pour accueillir le second groupe.
Il s’agit de Doll And The Kicks. Tout droit venu de Brighton, le quatuor anglais est venu faire vibrer la cave de l’International. Le matériel est vite installé, les balances vite réglées ; juste le temps d’installer une petite guirlande lumineuse en guise de décoration et voici les quatre membres qui s’emparent de la salle maintenant bondée. La chanteuse, arborant une coiffe indienne, déborde de sex appeal et tente de prendre possession de la scène dès les premiers instants. Son chant rappelle celui de Gwen Stefani ; néanmoins, il est parfois difficile de l’apprécier à cause de reverbs trop importantes.
Le groupe dégage beaucoup d’énergie, les rythmes sont changeants mais certains morceaux ont tout de même du mal à décoller. Leur musique n’est pas sans rappeler la formation de Karen O., Yeah Yeah Yeahs, avec ce petit brin de folie. La chanteuse charismatique saute dans tous les sens et scande ses hymnes dansants à un public totalement conquis. Sans révolutionner la musique, la mayonnaise prend et on se prête au jeu de la starlette qui pose pour les photographes tout en faisant de l’œil aux premiers rangs. Les quarante minutes que durera le set fileront à la vitesse de l’éclair.
On retiendra de cette soirée le contraste flagrant entre le rock inquiétant et sombre de The Somnambulist et la légèreté souriante de Doll And The Kicks, sans pour autant que le sentiment persistant soit altéré.