Cat's Eyes, c'est avant tout la rencontre entre Faris Badwan, leader énigmatique de The Horrors, et Rachel Zeffira, soprano canadienne. Plus qu'un énième duo rock, les deux musiciens proposent sur leur album -et en live- leur vision musicale du monde, une sorte de voyage cinématique, entre performance arty et engagement pop.
Mardi soir, après deux jours de promotion intense, les deux artistes se produisaient au Nouveau Casino, dans le cadre de la soirée Custom, impatients de découvrir l'accueil du public parisien. Comme à l'accoutumée, trois groupes sont programmés. Tout d'abord
C.T.R.L., qui avaient déjà assuré la première partie de Kasabian à l'Olympia l'an dernier. Commençant à 19h45, heure déraisonnable pour un concert de rock, le groupe se retrouve devant un public très clairsemé qui n'arrivera progressivement que durant la performance des belges néerlandophones de
Arid. Le groupe aux accents de Manic Street Preachers est appréciable pour un début de soirée, mais malheureusement rébarbatif sur la longueur.
C'est à 21h30 qu'arrivent enfin
Cat's Eyes. Badwan et Zeffira, placés chacun à un bout de la scène, sont accompagnés par un second guitariste, un bassiste et un batteur. Les deux principaux artisans du groupe sont donc retranchés dans la pénombre, une galère visible pour les photographes présents, lesquels bataillent durant de longues minutes pour obtenir une photo correcte.
Si le groupe est avant tout musical, sa performance scénique met tout autant l'accent sur le visuel, notamment via des vidéos projetées derrière le batteur, pour une fois centre de l'attention générale. Entre trains en marche, fonçant vers le public, photographies de Romy Schneifer ou images kaléidoscopiques, l'ensemble fait penser à ces performances sixties, très Onoesque dans l'esprit.
Côté musique, c'est sur le tubesque
Cat's Eyes que le concert démarre. Basse puissante et riff annonciateur, le titre possède un potentiel non négligeable. C'est avec
Best Person I Know et
I'm Not Stupid, menés par Rachel, que le concert prend de la légèreté et semble s'élever vers des sommets hypnotiques.
Franchement rock avec
Lucifer Sam ou
Sunshine Girls, le groupe semble avoir un avenir scénique prometteur. Après une courte heure et dix titres, les musiciens quittent tranquillement la scène, donnant au public l'impression d'avoir davantage assisté à un spectacle d'art moderne qu'à un concert.
C'est peut-être là que le bât va blesser, car malgré un potentiel indéniable, le duo formé par Faris Badwan et Rachel Zeffira ne s'adresse que dans une moindre mesure à un public venu pour la musique. Avec leurs ambitions cinématographiques, Cat's Eyes vont devoir maintenant mettre en avant le son, avant l'image.