Damien Rice

Quelle année pour les songwriters! Une rennaissance qui couvait depuis quelques années et l'apparition d'une nouvelle génération dorée, de Ryan Adams à Adam Masterson, en passant par Adam Green et Jesse Malin, et les derniers mois montrent que la musique folk est en train de faire un retour au premier plan que l'on n'attendait plus.

Damien Rice s'inscrit dans cette lignée, même si ses influences semblent plus variées. Il n'hésite d'ailleurs pas à citer Jacques Brel ou Nina Simone parmi ses principales références. Ce songwriter irlandais connait deja un succès important dans les pays anglosaxons depuis plus d'un an qui l'ont amené à participer au Late Show ou à de nombreuses autres émissions, et c'est donc avec quelques mois de retard que la France a l'honneur de découvrir 'O', son premier album. Et quel album !

Un album pur, où tout superflu a été oublié pour ne garder que l'essentiel : l'émotion. Tout a été fait dans le but de réveiller les sens de l'auditeur. La production est ainsi un modèle du genre, plaçant la guitare quelque peu en retrait, pour que la voix touche au plus profond de l'âme. C'est ainsi que l'impression de proximité, de présence de l'artiste est décuplée, ou plutôt des artistes, puisqu'une certaine Lisa, voix d'ange à la grace infinie, vous emmènera dans des cieux divins.

L'ambiance générale de l'album est difficile à décrire, tant on passe par un panel de sentiments variés et contradictoires. Si certains titres au romantisme et à la douceur exacerbés font ressentir l'apaisement de l'esprit et du corps (Delicate, Canonball), on est beaucoup plus souvent face à une atmosphère plus complexe, indécise, souvent torturée. 'Volcano' en est un bon exemple, ou encore 'I Remember', titre majeur, où l'incompréhension et la tristesse laissent place progressivement à la violence du désespoir. Certes, on pourra parfois reprocher l'utilisation un peu trop intensive de violons, et encore... 'Amie' ou 'The Blower's Daughter' restent des moments magnifiques.

Il y a finalement peu de choses à dire sur ce disque, il faut juste l'écouter, bien confortablement installé, et se laisser emporter par la musique de Damien Rice. Rien ne viendra troubler l'état de béatitude dans lequel on se retrouve à l'écoute d'une telle oeuvre, qualitativement exceptionnelle du début à la fin. Et encore, que dire des bonus cachés qui concluent ce chef d'oeuvre... Une chanson de noêl "travestie" interprétée magistralement par Lisa, un 'Woman Like A Man' génial...

Pour peu que l'on apprécie un tant soit peu ce style de musique, qui s'adresse à un public bien particulier, on ne peut qu'apprécier et accueillir avec bénédiction un disque beau, pur, inventif, et empli d'émotions.