Alors que
Kusama EP est loin d'avoir fait l'unanimité en début d'année, The Duke Spirit sortent finalement un nouvel album qui nous rassure. Tout aussi percutant et varié que son prédécesseur,
Neptune,
Bruiser enchaîne riffs déchaînés et chant sensuel pour quiconque fond pour la voix rauque et rock de Liela Moss.
Toujours coincés entre le garage sobre des
Kills et le rock sombre et mélodique de
Sonic Youth, The Duke Spirit savent encore bouger les membres pour jouer des chansons qui ne tiennent pas sur place. Puissantes mais pas bordéliques, les notes électriques sont agencées à la manière d'un math-rock souillé entre les placements de voix toujours aussi hypnotiques de la chanteuse anglaise.
Agrémentant comme à leur habitude leur disque de ballades, où le chant de Liela Moss fait des étincelles, The Duke Spirit permettent de diversifier un son qui, album après album, prend davantage de consistance.
Villain débute les hostilités, en piano-voix, avant que les différents instruments ne débarquent et prennent progressivement d'assaut la tête des auditeurs, définissant là l'une des meilleures compositions de
Bruiser.
Pause pop,
Don't Wait se veut plus anecdotique, comparée au doublé
De Lux/Sweet Bitter Sweet qui compose le haut du panier, chacun dans son style : alors que
De Lux monte crescendo, intense et poignant, durant près de cinq minutes,
Sweet Bitter Sweet joue la carte de la soul, dépouillée et mélodique, tout en gardant les racines rock du groupe sur ses refrains.
La moitié explosive de
Bruiser n'est pas à négliger non plus, bien au contraire. Car, outre la formation guitare/basse/batterie classique et rentre-dedans, The Duke Spirit ne seraient rien sans Liela Moss et ses cordes vocales qui suivent le rythme tout en permettant de prendre à contre-pied l'énergie qui se dégage des instruments. Jamais entièrement invincibles, les chansons n'ont d'intérêt que lorsque apparaît la voix tantôt chaude tantôt cassée de la meneuse du groupe.
De
Cherry Tree Ã
Running Fire, en passant par les redoutables
Surrender et
Bodies, le rock a rarement été aussi sexy. Surviennent ensuite, en fin d'album,
Everybody's Under Your Spell et
Northbound, deux des titres de
Kusama EP. Retirés alors de leur habitat naturel nommé
Bruiser, ils apparaissent ici sous un nouveau jour et trouvent tout leur intérêt entre un
Running Fire boosté à l'électricité et l'harmonica et un
Homecoming mélancolique et vibrant.
Everybody's Under Your Spell, conventionnel et loin de ce que sait donner le groupe, a des allures de single rock qu'on pourrait entendre entre un Aloe Blacc et un Maroon 5.
Northbound, plus intéressant, possède un de ces solos qui, comme celui de
Bodies, parvient à prendre aux tripes comme jamais.
The Duke Spirit n'ont ainsi rien perdu de leur talent, mais ont voulu davantage encore varier les styles qu'ils sont capables de créer. Pas loin d'être aussi réussi que
Neptune,
Bruiser est en revanche plus passionnant sur la longueur. Encore un must have de la part d'un des groupes britanniques les plus passionnants et singuliers de ces dernières années.