Chronique Album
Date de sortie : 21.05.2012
Label : V2
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 6 juin 2012
Dave Gahan s'y connait en sauvetage d'âmes, il a lui même failli y passer plus d'une fois. Ce n'est donc pas uniquement parce que les Soulsavers ont été invité à ouvrir pour la dernière tournée de Depeche Mode que cette rencontre artistique paraît évidente.
En prenant la place de Mark Lanegan, la voix de Depeche Mode retrouve sa liberté qu'il a gagné au bout de vingt-cinq années passées avec son groupe. Une liberté déjà exercée à deux reprises pour des albums qui n'ont pas fait date. Avec les sauveurs d'âmes, il trouve compositeur à ses cordes vocales. Même si tout ce petit monde est britannique, le registre est très américain, dès le titre d'ouverture à la Ennio Morricone, le plus grand plus cow boy d'Europe. Les guitares et l'ambiance des états sudistes sont omniprésentes, entre blues et country, nous sommes très loin de Basildon ou même de New York, le port d'attache de Dave.
Même si elle tranche avec l'univers urbain et électronique de son groupe d'origine, l'ambiance n'est pas complètement inédite non plus. L'atmosphère dépouillée et les guitares rappellent celles de Violator et les élans mystiques ceux de Songs Of Faith And Devotion. Malheureusement, sur les morceaux les plus mystiques, on s'ennuie et l'album dérape à partir de Presence of God. Les chœurs gospel de Just Try manquent l'essai et Gone too Far ne finit pas ce qui aurait pu être un grand morceaux où la guitare électrique et l'orgue portent la voix d'un Dave Gahan en transe, mais sans aller au bout de la colère qui gronde.
Au milieu du disque, un instrumental marque un interlude qui laisse espérer une face B un peu différente car, oui, cet album rétro plus que vintage est fait pour le vinyle. Il n'en est malheureusement rien, et il ne se passe pas grand chose de plus. On croise alors le fantôme de Nick Cave sur Take Me Back Home, avec ses cordes, sa rythmique toute en retenue et la voix de crooner mystique, et sur Bitterman dont les cuivres peinent à réveiller l'album.
S'il est bien enregistré et produit, The Light The Dead See est un peu ennuyeux, il ne faut pas réveiller les morts. Dave Gahan, quant à lui, donne l'impression de bien s'amuser dans cette escapade avant de rentrer en studio avec Depeche Mode.