Chronique Album
Date de sortie : 04.06.2012
Label : Lost Balloon/Cooperative Music
Rédigé par
Amandine, le 5 juin 2012
Derrière le nom de Man Without Country se cache en réalité un duo gallois composé de Thomas Greenhalf et Ryan James. Ils signent ici leur premier effort, sobrement intitulé Foe, mixé par Ken Thomas (là aussi, le nom ne vous dira probablement rien mais ce monsieur est tout de même à l’origine de Takk de Sigur Rós ou encore Saturdays = Youth de M83). En tournée actuellement avec ces derniers, ils ont en commun leur goût prononcé pour la musique atmosphérique et les nappes de claviers.
Comme ils aiment à la décrire, la musique de Man Without Country est un mélange de shoegaze et d’électronica, complexe et intense. Gardant l’authenticité d’un premier jet, Foe a été entièrement enregistré dans la chambre de Thomas. Pour une œuvre de jeunesse, le résultat s’avère rapidement convaincant.
Surfant sur la vague des mélodies éthérées et des voix évanescentes, le duo ne tombe cependant jamais dans la redite. Les compositions ici présentées se trouveraient quelque part entre Porcelain Raft et The Postal Service (la voix rappelle d’ailleurs très souvent celle de Ben Gibbard), avec quelques relents de Mew, période Frengers. Autant dire que les comparaisons sont plutôt flatteuses et que Man Without Country les relèvent haut la main.
Point fort de Foe, les constructions et enchaînements de morceaux sont savamment étudiés. Ainsi, Parity, titre tout en douceur et en retenue, avec la redondance du bruit de la mer version synthétique, a été spécialement écrit pour venir s’insérer à la suite du sombre Migrating Clay Pigeon et son lyrisme noir, là où la batterie prend toute sa force. Le toute s’enchaîne à la perfection, permettant à l’auditeur de s’imprégner petit à petit de l’univers perturbant et perturbé de Man Without Country. Ici, les silences, parfois longs entre chaque plage, sont presque aussi importants que les compositions qui viennent s’immiscer de façon langoureuse au creux de l’oreille, à l’image d’Ebb & Flow et son entame de plus de deux minutes qui nous tient en haleine pour finalement se révéler et éclater.
Ce qui permet également à cet album de ne pas tomber dans la redondance et l’ennui est cette émulsion issue de l’hybride entre les éléments éthérés du shoegaze et les rythmes dansants, créant ainsi des mélodies anxiogènes où les sentiments s’entremêlent insidieusement. Parfois, on frôle le « déjà-entendu » (Iceberg) en basculant vers une recette qui foisonne ces derniers temps mais peut-on pour autant dire que c’est mauvais ou banal ? Le groupe réussit toujours à tirer son épingle du jeu, à rebondir avant de sombrer dans les clichés. Sans complexes, ils déclarent puiser leur inspiration un peu partout et pour l’ultime morceau de Foe, Inflammable Heart, il faudra aller chercher du côté de Lady Gaga et de son Bad Romance.
Man Without Country proposent avec ce premier opus une œuvre composite, compacte, alternant à merveille la douceur des claviers et la force des percussions. Sans fausse note, ils surfent sur différents styles sans jamais vraiment en choisir un, ce qui les rend encore plus intéressants et addictifs.