Alice Russell

Alice Russell est de celles que l’on nomme Diva. Et plus précisément de soul diva ! Cette « Aretha Franklin aux yeux bleus », telle que la décrit son label Tru-Thoughts, réinvente le gospel depuis quelques années.

En 2008, son album Pot Of Gold ressuscite la soul rétro et la fait connaître du grand public. Mais la particularité de cette grande artiste est de pouvoir allier plusieurs genres musicaux. Hip-hop, R’n’B, gospel, jazz... Alice Russell n’a de cesse de jouer avec les genres. Tour à tour jazzy, électronique ou old school, en 2012, elle entoure son swing d’un voile tropical en sortant le très réussi Look Around The Corner, en duo avec son ami Quantic et son groupe le Combo Bárbaro. L’album, enregistré en Colombie dans les fameux studios Fuentes, est unanimement acclamé par la presse. Mêlant folk, gospel, soul et blues, Look Around The Corner se démarque d’une petite touche très caliente qui fleure bon le soleil, et les vacances.

Avec To Dust, Alice Russell change complètement de registre. Finis le swing tropical et la nostalgie de la soul retro. Le gospel du XXIème siècle est né ! Alice Russell nous avait déjà prouvé qu’elle aimait bousculer les codes, notamment lorsqu’elle avait repris le titre de Beyonce, Crazy In Love, lui conférant un look très groovy. Ce nouvel album – le premier en solo depuis Pot Of Gold – réussit le pari d’harmoniser le gospel et l’électro. Il aura fallu près de deux ans de travail à l’anglaise pour le finaliser To, avec son ami et producteur Alex Cowan alias TM Juke. Inspirée de ses déboires sentimentaux et professionnels, elle compose un album très riche d’expériences, très personnel, avec pour thèmes l’amour déçu (I Love You, Heartbreaker) ou encore la désillusion (To Dust). Alice Russell a le cœur brisé, mais elle ne compte pas se laisser abattre, et elle nous le prouve. Malgré des textes mélancoliques, l’album ne tombe pas dans le mélo, et ce grâce à un son très travaillé et des mélodies électro-pop.
Dès le premier titre de l’album, A To Z, on comprend vite que la diva anglaise a mis de côté l’aura vintage qu’on lui connaissait. On en vient même à se demander si on ne s’est pas tromper d’album, mais la voix grave et si puissante de l’enfant de la soul ne trompe pas. Il s’agit bien d’Alice Russell. Il en est de même pour tous les titres. D’un côté, on retrouve la voix jazzy très old school, et de l’autre, toute la partie instrumentale qui tire vers l’électronique. Le mélange des deux donne un résultat surprenant qui séduit. Séduisant aussi le premier single, Heartbreaker, qui donne envie de taper du pied, en rythme.

To Dust est sans conteste très novateur, quoique un peu déroutant. Les amoureux de la soul vintage devraient faire la moue tandis que les allergiques du « c’était mieux avant » devraient se réconcilier avec la voix rétro de la diva de Brighton.