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David Bowie

The Next Day

David Bowie - The Next Day
Chronique Album
Date de sortie : 11.03.2013
Label : Sony Music
3
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 11 mars 2013
C’est donc le jour de ses soixante-six ans que David Bowie a décidé de réapparaitre à la surface du monde. Un anniversaire, une nouvelle chanson, une nouvelle vidéo et l’annonce d’un nouvel album, son premier depuis dix ans. Tous ces faits ont engendré un sacré ramdam médiatique. Et pour cause.

David Bowie a toujours possédé l’art et la manière de surprendre son monde, en s’adaptant, en recyclant du vieux pour en faire du neuf. Car c’est bien en utilisant ces bonnes vieilles méthodes que l’anglais nous la refait une fois encore. Alors que la planète musique s’enthousiasme ou s’épouvante, c’est selon, à l’occasion de la sortie du troisième album de My Bloody Valentine que tout laissait présager, c’est pourtant David Robert Jones qui tire la couverture à lui avec ce retour que rien ne laisser présager. Terriblement fort en opération markéting, c’est avec ce sourire charmeur que nous lui connaissons que celui-ci doit se délecter de l’effet médiatique de ce comeback magnifiquement orchestré.

En vieux briscard, il nous donne un premier aperçu de son disque avec Where Are We Now?, chanson digne d’une fin de vie. David Bowie semble bien mort et nous le confirme musicalement. Cependant, tout ceci n’est qu’un leurre et une fois encore, tel un caméléon, l’anglais se joue de nous. Il revient en effet dans le monde des vivants un mois et demi plus tard, le temps d’un tube classique mais joliment ficelé : The Stars (Are Out Tonight), second extrait de son vingt-cinquième album à suivre. Après une première vidéo pour le moins statique, c’est un Bowie ressuscité mais poursuivi par son passé qui s’affiche dans son deuxième vidéo clip. S’amusant à s’auto-parodier à l’aide de fantômes grimés à son effigie, l’artiste semble désirer qu’on le laisse en paix terminer sa vie de la manière la plus normale possible. Tout cela constitue bien évidemment un bien joli pied de nez, car il est bien difficile de distinguer jusqu’où celui pousse la limite entre fantasme et réalité. Reality était d’ailleurs le titre de son précédent album, c’est dire.

David Bowie ne s’arrête pourtant pas là. A l’heure où certains échangent la pochette originale de leur album contre une photo considérée comme inédite dans le cadre d’une réédition pour le moins farfelue, le londonien de naissance va plus loin en affublant la pochette d’époque de Heroes d’un carré blanc portant l’inscription The Next Day en lieu et place de son visage afin d’orner son nouvel opus. Opération jamais vue, de mémoire, pour une pochette ! Finalement, ce qui s’avère exceptionnel avec ce disque, c’est que son contenu musical finit par peu nous importer. Le phénomène procuré par le retour du Thin White Duke suffit à l’emporter sur le disque lui-même. Comme sur ses précédents efforts, où il y avait déjà à prendre et beaucoup à laisser, David Bowie se la joue un peu gourmand.
Les guitares de la plage d’ouverture The Next Day nous renvoient en plein glam-rock de la fin des années 70. Dirty Boys et son rythme saccadé tend davantage vers le blues. Love Is Lost et Valentine's Day, deux des titres les plus réussis de cet album, permettent à Bowie de renaitre de ses cendres avec ce duo de pop songs résolument accrocheur. On l’a donc bien compris, le maestro explore une multitude de voies musicales au cours de la cinquantaine de minutes de ce disque.
Bien évidemment, certaines chansons sont à fuir. A commencer par If You Can See Me où Bowie replonge dans les pires moments de Heathen. Même sanction pour (You Will) Set The World On Fire à l’introduction (in)digne de AC/DC. D’une manière générale, la première partie de l’album est beaucoup plus réussie que la seconde, à l’exception du magnifique Heat, frère mortuaire et glacial de Where Are We Now? venant conclure The Next Day de la plus intense des manières. Certes, David Bowie ne trompe pas son public avec quatorze nouvelles compositions (dix-sept sur l’édition Deluxe), mais aurait très bien pu, en se limitant à dix chansons, rendre son album somme toute un peu plus digeste.

Mais ne gâchons pas notre plaisir, ce retour relève déjà du miracle et ne peut que nous séduire. La manière dont celui-ci a été orchestré est d’ailleurs plus importante que le contenu du disque lui-même. Bowie is back et l’année 2013 ne peut en être que plus belle.
tracklisting
    01. The Next Day
  • 02. Dirty Boys
  • 03. The Stars (Are Out Tonight)
  • 04. Love Is Lost
  • 05. Where Are We Now?
  • 06. Valentines Day
  • 07. If You Can See Me
  • 08. I'd Rather Be High
  • 09. Boss of Me
  • 10. Dancing Out of Space
  • 11. How Does The Grass Grow?
  • 12. (You Will) Set The World On Fire
  • 13. You Feel So Lonely You Could Die
  • 14. Heat
titres conseillés
    Love Is Lost, Valentine's day, Heat
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