Chronique Album
Date de sortie : 23.02.2015
Label : Test Card Recordings
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 23 février 2015
En 2013, tel un ovni, sortait de nulle part le premier album de Public Service Broadcasting. Derrière cette dénomination artistique se trouvent les énigmatiques Wrigglesworth et J. Willgoose Esq.. Les deux compères avaient conçu leur premier album à l'aide d'archives audio du service public anglais. Pour ce second opus, les anglais sont restés fidèles dans leur mode de fonctionnement, en se concentrant cette fois uniquement sur une thématique : la conquête de l'espace.
L'album débute par le très cérémonieux The Race For Space, donnant son titre à l'album, avec son long discours relatif à l'exploration de l'espace. Totalement américanisé, ce morceau possède une consonance terriblement cinématographique. Si on pouvait déjà retrouver celle-ci sur Inform, Educate, Entertain, leur premier effort, l'effet d'une bande originale de film se fait encore plus ressentir sur ce nouveau disque.
Délaissant leurs influences musicales relativement omniprésentes sur leur premier album (de Primal Scream à Mogwai en passant par Kraftwerk), les londoniens livrent un disque forcément plus personnel et surtout beaucoup plus électronique. L'excellent et très progressif Sputnik démontre avec brio en sept minutes à quel point le groupe a su évoluer musicalement. Il réside une réelle magie sur les nouvelles compositions du groupe qui rendent les rares liens musicaux entre les deux albums moins passionnants. C'est le cas du single Gagarin où l'on reconnait quasiment instantanément la patte musicale du duo. Même si le titre est de bonne tenue, il se trouve relativement écrasé par le niveau des autres compositions. Son rythme est probablement la raison de son choix au titre de premier extrait de The Race For Space. E.V.A. aurait toutefois été un choix plus judicieux : rythmé et de nature assez synthétique, la plage se prêterait à merveille à une sortie en simple. Mais tout cela ne vient nullement nuire à la qualité de l'album.
The Other Side met d'ailleurs tout le monde d'accord avec son tempo irrésistible. On pense peut-être à son écoute à Autobahn, car on imagine aisément des images d'espace défiler devant nos yeux, comme on pouvait voir passer à l'époque les films d'une ballade sur une autoroute avec la musique des Allemands. Mais il y a une telle forme d'intelligence dans la construction de cette ballade que l'on ne va pas chercher à faire des parallèles. La progression, l'atteinte du sommet, la stagnation angoissante avant un redémarrage en forme d'apothéose, toutes ces phases nous vont autant vibrer que les équipes de la N.A.S.A. lors d'un alunissage ou du décollage d'une fusée.
Public Service Broadcasting se sont octroyés les services des anglaises de Smoke Fairies le temps d'une (véritable) chanson, Valentina, en hommage à Valentina Terenchkova, première femme à s'être rendue dans l'espace. Premier coup d'essai également pour les deux britanniques, où les archives audio sont pratiquement délaissées, tout au long de cette ode mélancolique. Go! voit l'album redémarrer une dernière fois avant de se conclure sur l'interrogatif Tomorrow. Le disque se terminant donc comme il a débuté, sous un mouvement très cinématographique, renforcé par un ultime interlude instrumental de deux minutes en guise de morceau caché.
P.S.B. (à ne pas confondre avec les Pet Shop Boys) ont donc parfaitement accompli leur mission avec ce nouveau disque audacieux et particulièrement inspiré. Ne réutilisant quasiment jamais les recettes du passé, les deux anglais réussissent à nous faire rêver pendant une quarantaine de minutes avec cette thématique pas aussi évidente qu'elle en avait l'air. On attend maintenant avec impatience leur passage à Paris le 27 mai au Petit Bain pour qu'ils nous emmènent en live cette fois dans cette grande aventure qu'est la conquête de l'espace.