Chronique Album
Date de sortie : 26.01.2018
Label : Lucky Number Music
Rédigé par
Simon Cordat, le 18 janvier 2018
Ce trio féminin venu tout droit de la capitale de l'Angleterre est une sorte de machine infernale. Vite classifiées « rock féministe », Dream Wife tirent leur nom du film du même nom réalisé par Sidney Sheldon, un long métrage mettant en avant une foule d'idées antisexistes par l'humour. Avec des idéaux qui font écho à l'actualité, le groupe de jeunes femmes aux cheveux décolorés aborde clairement la vision de la femme comme un parcours semé d'embûches. L'est-il encore davantage dans le domaine du rock ?
Aussi sarcastiques que soient les londoniennes, elles tirent leur épingle du jeu en jouant la carte de la détermination réfléchie. Entre une musique légère et des paroles qui délivrent un réel message, c'est avec ce premier album que ce groupe « girl power » retrousse les manches et fait valoir ses droits les plus élémentaires.
Dream Wife reboutonnent le punk rock en gardant l'allure expéditive des chansons, avec le refus des solos de guitare. Let's Make Out pose les bases d'un rock primaire au premier abord, mais l'aspect mélodique est réellement présent, comme le veut le mouvement pop. Le titre Somebody suit cette procédure d'engagement : « I am not my body, I am somebody ». Le disque très édulcoré est abrasif, et raconte des chansons adolescentes comme un combat autobiographique dans Hey Heartbreaker (« Another victim to your touch »), ou encore un désespoir forcené sur Love Without Reason.
De nombreux morceaux sont pensés comme de petits singles, que ce soit les joyeux lurons ensoleillés Taste et Kids ou les intransigeants garage rock Act My Age et Spend The Night. On retiendra pour le coup le sensationnel et chaotique F.U.U., qui ferme l'album en flirtant avec le post-rock. De toute évidence, le trio sait se faire entendre par énergie sismique. Plusieurs pistes de ce premier essai sont alors éclatées musicalement, comme si l'on passait d'une humeur à une autre : le groupe parodie l'icône pop star en empruntant l'efficacité couplet/refrain afin de servir au mieux les paroles torturées d'histoires d'amour lâchement abandonnées. C'est comme ça que Dream Wife attirent le rock vers elles.
Au-dessus de ces murs d'amplis de guitare, la dynamique générale se veut efficace et variée. Dream Wife donnent leur propre définition d'un vieil album de punk rock solide version féminin, en s'amusant du cliché.