Chronique Album
Date de sortie : 16.02.2018
Label : Heavenly Recordings
Rédigé par
François Freundlich, le 28 février 2018
La pop n'est pas morte dans le nord de l'Angleterre avec ce trio de Halifax (entre Leeds et Manchester) qui sort son premier album pour nous préparer au printemps de la meilleure des manières. Les sœurs Sidonie B et Esme Dee Hand-Halford accompagnées de leur meilleur ami Henry Carlyle Wade ont entre 18 et 22 ans et se sont rencontrées à une soirée d'anniversaire de leurs parents. Ils commencent à composer jeunes et ont déjà digéré de multiples influences pour les exprimer au travers d'un album en mode feel good qui donne envie de faire la danse du planeur avec les bras en s'époumonant.
Un sentiment de fraicheur nous envahit avec ce Silver Dollar Moment au goût de garage sucré, du nom de ce club du centre de Toronto où l'on a pu assister à d'excellents concerts de rock psyché. The Orielles y ont joué l'un de leurs meilleurs shows et concrétisent avec un disque en forme d'hymne à l'indolence, entre poppy charmante, refrains catchy, orgues vintage et rythmique aux bongos. La voix claire et limpide de Esme Dee rappelle parfois Camera Obscura, même si on retrouve davantage les Pixies dans les instrumentations fougueuses de ces excellentes compositions. D'une musique de road trip de plage Californienne comme sur Sunflower Seeds, on peut passer à des singles évidents comme sur Let Your Dog Tooth Grow qui s'est vite rendu indispensable à nos oreilles d'Orielles. On en ressort à chaque écoute les canines retournées. The Orielles sonnent parfois comme la réponse britannique à Alvvays dans cette énergie et cette joie de vivre communicative.
The Orielles ne se contentent pas de la pop, même si les Pastels ne sont jamais loin, mais cherchent leurs influences beaucoup plus loin en transformant leurs morceaux en véritables collages toujours surprenants. Une reverb sur la voix, une wah-wah mystique pour nous faire voir la pluie en violet, un gimmick de guitare ou un orgue Moog : tout est propice à expérimentation. Le passage de la face A à la face B du disque représente d'ailleurs un saut entre des expériences réelles vers le surnaturel. Du slacker au ralenti de Liminal Spaces, on aboutit à un interlude floydien sur The Sound Of Liminal Spaces, nous faisant entrer dans un amas de guitares entremêlées faisant presque disparaître la voix. Une flûte nonchalante fait son apparition, on a même le sentiment d'être dans un bal de promotion 50's sur Henry's Pocket. The Orielles n'oublient pourtant jamais d'être contemporain, inventifs au possible sur 48 Percent où la voix à tue-tête prolonge les percussions, les orgues funky pour un passage inspiré vers l'hyper-pop.
Cet album sans temps morts empli de pépites d'une candeur incandescente saura trouver sa place dans les cœurs de tout amateur d'une pop bricolée, dépassant ses rivages habituels. Le tout dans un écrin de vent nouveau. Immanquable.