Chronique Album
Date de sortie : 05.04.2019
Label : Empty Words
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 1er avril 2019
Quatre ans, c'est le délai moyen entre les derniers albums d'Idlewild. Paru en 2015, Everything Ever Written, le précédent disque du groupe, ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Autant dire que nous y sommes allés sans précipitation aucune pour découvrir Interview Music, le neuvième opus studio de la bande d'Edimbourg.
A l'issue de la première écoute du disque, il faut le dire très franchement, nous n'avons pas du tout été emballés. D'une manière générale, il paraissait bancal, facile, pas vraiment accrocheur. Et puis au fil des écoutes Roddy Woomble et sa bande ont fini par nous faire changer d'avis. A commencer avec leur Dream Variations, morceau pop rock en deux temps : l'entrée en matière de ce disque se fait d'une manière bien plus intelligente qu'il n'y parait. Comme le chante si bien le leader écossais : « I came, I saw, I change my point of view ». Sous couvert d'une basse pesante, et huit notes de clavier parfaitement calibrées, la mélodie de la chanson nous charme. Celui-ci va vite pourtant rapidement être rompu avec There's A Place For Everything, second acte du disque. Pourquoi diable avoir ajouté ces affreux chœurs féminins dans une chanson qui en définitive aurait pu être plutôt plaisante ? On s'interroge toujours. Car oui ce : « Oh it's just a matter of time » peut vraiment donner l'envie de fuir, même les fans du quintet. Fort heureusement, à l'exception d'une rechute le temps d'un Mount Analogue une fois encore catastrophique, Idlewild vont très vite gommer ces imperfections et donner beaucoup de relief à ce Interview Music.
Il est vrai que depuis Warning/Promises l'aura de ce groupe s'était un peu éteinte. Quatorze ans ont passé depuis. Et même si on n'attend plus un disque à la hauteur du très Smithien The Remote Part, une certaine nostalgie nous gagne inévitablement à chaque fois que les écossais nous annoncent la sortie d'un nouveau disque. Et celui-ci nous procure encore vraiment du bonheur. La vibrante Interview Music nous transmet un plaisir non dissimulé et celui-ci ne faiblit d'ailleurs pas avec All These Words. Sa mélodie entêtante est une des plus belles réussites de cet essai. Symbole d'innovation chez Idelwild, l'apparition de petits interludes musicaux entre la plupart des morceaux du disque. Sur le même principe de ceux qu'on peut trouver sur Loveless de My Bloody Valentine, les écossais s'amusent à brouiller les pistes avec de courts instrumentaux entre leurs compositions. Si l'atmosphère est principalement pop rock, elle est parfois entrecoupée de moments très pêchus comme Same Things Twice ou a contrario avec des moments de parfaite délicatesse tels que You Wear It Second Hand.
Toutefois c'est la dernière plage du disque qui constitue la plus grosse surprise. Déjà présent dans Family To Ignore l'avant-dernier titre, le piano remplace ici littéralement les guitares électriques pendant les trois minutes et vingt secondes de Lake Martinez et conclut l'album de très belle manière.
Même si tout est loin d'être parfait sur Interview Music, il est clair qu'Idlewild ont encore des choses à dire et ils le font plutôt de belle manière. Nécessitant possiblement un certain temps d'adaptation, cet album est bien plus fin qu'il peut paraitre au premier abord. Riche et varié, le disque gagne au fil des écoutes et mérite vraiment qu'on s'y attarde. Le lion rugit encore. Qu'on se le dise !