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The 1975

Notes On A Conditional Form

The 1975 - Notes On A Conditional Form
Chronique Album
Date de sortie : 22.05.2020
Label : Dirty Hit
35
Rédigé par Simone Minet, le 9 juin 2020
Annoncé initialement pour août 2019, puis décalé à février 2020, et après avoir été repoussé encore deux fois, le très attendu quatrième album studio de The 1975 est enfin sorti fin mai ! Le moins que l'on puisse dire sur ce nouvel opus du groupe anglais, c'est qu'il s'agit d'un projet ambitieux.

Ambitieux de par sa genèse mouvementée et la communication qui l'a accompagnée ; ambitieux aussi de par sa longueur (vingt-deux titres tout de même) ; ambitieux au niveau des collaborations et interventions ; et ambitieux finalement au niveau musical. En effet, le disque n'hésite pas à mélanger les styles musicaux et influences au point d'être très difficile à qualifier et impossible à rattacher à un genre en particulier.
Si son prédécesseur, A Brief Inquiry Into Online Relationships, thématisait principalement les effets des nouvelles technologies sur le comportement humain, ce thème revient également sur Notes On A Conditional Form. Néanmoins, les thématiques sont plus variées et incluent, entre autres, l'homophobie et le fanatisme religieux aux États-Unis, l'anxiété et la dépression, l'amitié et l'amour, et le changement climatique.

En effet, en guise de premier morceau, intitulé comme à leur habitude The 1975, le groupe nous présente un discours de l'activiste Greta Thunberg sur l'urgence climatique. Cette intro de cinq minutes qui évoque la catastrophe écologique et appelle à la désobéissance civile avant qu'il ne soit trop tard est l'un des points forts de l'album. « To do your best is no longer good enough, we must all do the seemingly impossible » souligne la jeune Suédoise sur un fond de nappes synthétiques, avant de conclure par : « It is time to rebel ». Cette phrase est la transition parfaite pour introduire People, un morceau plein de colère qui commence par « Wake up, wake up » ! Il s'agit d'une chanson punk d'une brutalité inédite chez The 1975.
Ce qu'on pourrait également qualifier de brutal, c'est la transition vers le morceau suivant, The End (Music for Cars), une composition symphonique et instrumentale qui, elle, ne semble pas non plus vouloir coller avec l'ADN de The 1975. Plusieurs de ces interludes instrumentaux sont dispersés par ci et par là au sein de ce disque sans que l'on comprenne exactement quel sens le groupe a voulu leur donner.

Les morceaux vocaux, interprétés par Matt Healy, se rapprochent plus de ce qu'on connait du groupe. Mais ici aussi, on remarque une grande variété de styles. Yeah I Know, Shiny Collarbone et Having No Head sont fortement influencés par le dancehall et le dubstep. Yeah I Know est le morceau le plus minimaliste de l'album qui se compose d'une ligne rythmique toute simple, accompagnée d'un son synthétique ainsi qu'une ligne de paroles répétitives. Pour Shiny Collarbone, The 1975 ont collaboré avec le musicien de dancehall Cutty Ranks qui leur a fourni les samples de ce morceau. Parmi les autres références plus électroniques de ce disque, on peut notamment citer le Britannique Burial qui a également inspiré lesdits morceaux.

Avec une activiste climatique suédoise, un musicien dancehall jamaïcain et un orchestre symphonique, la liste des collaborations plus ou moins improbables sur cet album est longue. N'oublions pas non plus la chanteuse folk Phoebe Rogers qui prête sa voix au morceau Jesus Christ 2005 God Bless America, une réflexion sur le fanatisme religieux dans les régions rurales des États-Unis, sous un air de chanson country douce et rêveuse. Birthday Party et Roadkill s'inscrivent également dans la veine du country pop avec des mélodies accrocheuses et une plus grande place accordée aux guitares, ce qui est bien rafraichissant au milieu de tous ces sons synthétiques qui caractérisent les autres morceaux.
Pour ne laisser aucun genre inexploré, The 1975 font également référence aux boys bands d'il y a vingt-cinq ans : Me & You Together Song et If You're Too Shy (Let Me Know) pourraient être la BO de films pour ados des années 1990 avec une naïveté et légèreté qui contrastent avec le ton plutôt sombre du reste de l'album.

Avec ces styles éclectiques et les multiples références, l'album est – comme on le disait au début – ambitieux, même si la question de l'intention reste malheureusement souvent sans réponse. Pour écouter Notes On A Conditional Form du début à la fin, il faut une bonne dose de patience et d'ouverture d'esprit musicale. Cela ne plaira certainement pas à tout le monde, mais chacun - quels que soient ses goûts musicaux – pourra trouver au moins un morceau dans lequel il se retrouvera.
tracklisting
    01. The 1975
  • 02. People
  • 03. The End (Music For Cars)
  • 04. Frail State Of Mind
  • 05. Streaming
  • 06. The Birthday Party
  • 07. Yeah I Know
  • 08. Then Because She Goes
  • 09. Jesus Christ 2005 God Bless America
  • 10. Roadkill
  • 11. Me & You Together Song
  • 12. I Think There's Something You Should Know
  • 13. Nothing Revealed / Everything Denied
  • 14. Tonight (I Wish I Was Your Boy)
  • 15. Shiny Collar Bone
  • 16. If You're Too Shy (Let Me Know)
  • 17. Playing On My Mind
  • 18. Having No Head
  • 19. What Should I Say
  • 20. Bagsy Not In Net
  • 21. Don't Worry
  • 22. Guys
titres conseillés
    The 1975 - Jesus Christ 2005 God Bless America - If You're Too Shy (Let Me Know) - Yeah I Know
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