Faisant suite à la tournée solo en 2019 qui l'a vu revisiter son répertoire de façon plus dépouillée, nous retrouvons Kelly Jones et sa voix cajoleuse au sein du triple album live Don't Let The Devil Take Another Day qui, en ce mois de décembre froid et incertain, tombe à point nommé.
Voix qui d'ailleurs a failli disparaitre car nous l'apprenons dans le film documentaire de Ben Lowe qui retrace la tournée (Don't Let The Devil Take Another Day est seulement diffusé dans les cinémas du Royaume-Uni), Kelly Jones a été diagnostiqué d'un kyste heureusement bénin aux cordes vocales et a lutté pour ne pas se voir priver de son plus bel organe.
L'histoire veut que Kelly Jones n'ait pas révélé avoir été en sursis à la suite de cette opération quand la tournée s'est montée. La rééducation et les angoisses ont été tus afin de ne pas entacher d'un soupçon de drame ce qui s'est révélé être une série de concerts joyeuse et surtout très intimiste.
Don't Let The Devil Take Another Day cumule des extraits de plusieurs concerts et retrace l'intégralité du set. Plus d'une heure et cinquante minutes où nous découvrons un Kelly Jones bavard, rigoleur et surtout propice aux confessions intimes. Sa rémission lui ayant fait prendre conscience qu'il a été à deux doigts de perdre ce qui lui était vital, ici sa musique et son public, Jones livre des anecdotes de son enfance, des histoires vécues dans ses vallées au sud du Pays de Galles et l'on ressent chez cet homme une réelle humilité face à son parcours.
Les hommages rendus à son père, au regretté Stuart Cable (ndlr : premier batteur des Stereophonics), et à l'ami d'enfance qui après son suicide a inspiré l'un des meilleurs titres des gallois, Local Boy In The Photograph, donnent à ce concert des impressions de thérapie, mais en famille.
Tout au long des vingt-et-un titres, tous issus du répertoire des Stereophonics à l'exception de deux morceaux de son premier opus solo, Suzy et Katie, et de la reprise de Help Me Make It Through The Night de Kris Kristofersson, Kelly Jones s'exécute avec émotion en exprimant une joie réelle que nous comprenons encore mieux maintenant.
Pas de surprises particulières ni d'inédits mais des réinterprétations au piano seul ou accompagnées de la magnifique trompette et du ukulélé de Gavin Fitzjohn, du violon de Fiona Brice, et d'autres morceaux joués de façon plus classique quand le compère Richard Jones se joint à la bande. Votre préférence ira forcément aux titres que vous affectionnez le plus, ici le choix de la set liste étant équilibré du fait de la présence de gros tubes et de chansons se faisant plus rares.
La dernière prestation des Stereophonics à Paris en janvier dernier ne nous avait pas fait douter une seconde que Kelly Jones revenait de si loin. La voix étant toujours aussi jeune, puissante et délicieusement enrouée, l'album live Don't Let The Devil Take Another Day ne fait que confirmer le statut de super groupe des Stereophonics, les formations issues du Pays de Galles étant généralement plus discrètes et on le regrette bien.
tracklisting
01. Hurry Up And Wait
02. You"re My Star
03. Suzy
04. Katie
05. I Wanna Get Lost With You
06. Help Me Make It Through The Night
07. I Stopped To Fill My Car Up
08. Before Anyone Knew Your Name
09. Mr Writer
10. Rewind
11. Local Boy In The Photograph
12. Feel
13. Into The World
14. This Life Ain't Easy (But It's The One That We All Got)
15. Boy On A Bike
16. No One's Perfect
17. Show Me How
18. Maybe Tomorrow
19. Traffic
20. Just Looking
21. Dakota
titres conseillés
Local Boy In The Photograph, Hurry Up And Wait, Traffic, Mr Writer