Chronique Album
Date de sortie : 29.10.2021
Label : Righteous Phonographic Association/BMG Rights Management
Rédigé par
Yann Guillo, le 27 octobre 2021
Richard Ashcroft est une énigme. Brillant compositeur et chanteur, il a écrit quelques-unes des meilleures chansons des 90s anglaises avec en tête de gondole l'inoxydable Urban Hymns et ses mélodies éternelles.
Peu après ce moment de grâce, Richard Ashcroft s'est égaré, flirtant de façon épisodique avec le génie et souvent, malheureusement, avec un certain mauvais goût marqué par une tendance au grandiose, un goût immodéré pour le lyrisme échevelé et les grands questionnements métaphysiques. Avec un égo parfois sans limites, l'enfant terrible, semblait un peu avoir perdu le Nord...
Sur le papier, la perspective d'une version acoustique de ses meilleures mélodies, très majoritairement tirées d'Urban Hymns, était donc à double tranchant : s'agissait-il d'une tentative de capitaliser sur la nostalgie de l'âge d'or de la Britpop ou d'un élan créatif promettant de donner une nouvelle vie à des morceaux milles fois entendus ?
Acoustic Hymns Vol. 1 fournit sans attendre une réponse étincelante. L'affaire s'ouvre en grand sur une superbe version de Bittersweet Symphony. En ralentissant légèrement le tempo, le morceau prend une nouvelle ampleur tout à fait passionnante. Sans trop de surprises, les autres ballades d'Urban Hymns brillent également dans ce contexte, en particulier Sonnet qui se révèle absolument superbe.
Certains morceaux se voient quant à eux appliquer une lecture totalement différente et irrésistible : Weeping Willow revêt une tonalité pastorale splendide tandis que Space And Time verse dans la soul psychédélique acoustique. Velvet Morning se révèle quant à elle comme une ballade de cowboy 70s magnifiée par la voix écorchée d'Ashcroft qui a gagné en graves délicieux.
Le tout est d'une luxuriance instrumentale qui régale les oreilles. Car acoustique, chez Ashcroft, n'est pas synonyme de minimalisme. On trouve en effet tout au long de l'album un grand renfort de cuivres, cordes, percussions, claviers, chœurs... Mais le choix de placer au centre les mélodies et la voix rocailleuse de Richard Ashcroft en limitant le reste des arrangements à des ornements périphériques, se révèle un parfait antidote aux excès de pompe de notre homme.
Côté discographie solo, A Song For The Lovers retrouve une certaine légèreté et semble, dans ce costume, tiré de Forever Changes de Love. Sous ses nouveaux atours, entre clavecin et cordes, la lennonienne Break The Night With Colours est absolument majestueuse et prouve qu'elle n'a rien à envier aux plus grandes chansons d'Urban Hymns.
Les retrouvailles avec Liam Gallagher, lui aussi responsable récemment d'un très bon album acoustique, sont particulièrement réjouissantes. Ils envoient ensemble la très pop et acidulée C'Mon People (We're Making It Now), qui repompe allégrement la mélodie de Reach Out I'll Be There, sur la lune.
Cet Acoustic Hymns Vol. 1 se révèle donc une très belle addition à la discographie de Richard Ashcroft. Et une vraie bonne surprise qui revisite avec élégance et vitalité des chansons solides comme le granit. Si bien qu'on en vient à attendre avec une impatience certaine un Vol. 2.