Voici le troisième album de The Sherlocks en ce début 2022, quatuor porte-étendard de la ville de Sheffield qui revient avec World I Understand.
Dans ce climat plutôt troublé, World I Understand représente, s'agissant de musique sherlocks-ienne, une valeur sûre. Entendons par là que The Sherlocks, forts de leur notoriété outre-manche, assurent le service avec ce nouveau disque qui comme les prédécesseurs, s'ancre fidèlement dans une pop rock grand public, avec ce qu'il faut de mélodies catchy et de riffs bondissants, le tout servi avec les guitares sophistiquées des frères Crook.
Mais alors, quel est ce ressenti étrange qui s'empare de nous ? Il s'agit bien de déjà-vu. Non pas que le rendu soit désagréable, mais malheureusement depuis 2017 la recette reste la même à tout point de vue et cela nous frustre légèrement.
D'autant qu'ici, et à contrario du précédent Under Your Sky paru en 2019, c'est dès le départ que les titres nous emballent : l'excellente introduction qu'est Porto suivi de Falling démarrent dans une ambiance particulièrement électrisante, la cadence va crescendo au rythme d'une batterie qui guide les morceaux dans une réelle atmosphère indé. Le petit sursaut va tambour battant jusqu'à On The Run et Plastic Heart qui, avec leur empreinte hard rock FM, plaisent et nous laisse espérer un vent de fraicheur dans le répertoire de The Sherlocks.
Mais c'est alors en milieu de tracklisting que la tendance mainstream reprend bien vite le leadership et c'est une série de morceaux tièdes que nous découvrons alors. City Lights, en ralentissant le rythme, reproduit à la chaine une série d'arrangements beaucoup trop usités qui font le bonheur de tant et tant de groupes FM british. Sorry suivi de World I Understand, titre éponyme de l'album, enfoncent le clou d'une pop rock sucrée et sautillante qui peut plus irriter que charmer, probablement selon l'âge de l'auditoire.
Il reste que cette formule fonctionne tant elle est facile d'accès et permettant encore à The Sherlocks de séduire un vaste public, ce qui est une raison bien légitime de produire des disques. On regrette néanmoins que le cap du troisième disque n'ait pas suivi celui bien plus audacieux de l'évolution afin de ne pas se reposer sur ses lauriers.
En 2019, The Sherlocks annonçaient fièrement leur objectif de remplir des arénas et des stades. Comme leurs illustres prédécesseurs tels Muse, Kaisers Chiefs ou Coldplay, le chemin vers les salles à plus de 5000 spectateurs semblent donc passer par une routine musicale bien prévisible mais qui a le mérite de ne pas décevoir les plus fidèles adeptes.