The Murder Capital

Enfin ! Oui, c'est un peu facile, mais ce cri souligne la joie de retrouver The Murder Capital après un quasi parfait premier album, plusieurs tournées à la suite suivies immédiatement par une pandémie dont on ne voyait plus la fin. Cette longue attente touche à sa fin avec Gigi's Recovery, dont j'annonce sans spoiler la suite de cette chronique qu'il remporte haut la main la difficile épreuve du deuxième album.

Janvier 2023 : nous retrouvons James McGovern, Damien Tuit, Cathal Roper, Gabriel Paschal Blake et Diarmuid Brennan, toujours unis et forts d'un nouveau disque qui gagne en profondeur par rapport au premier opus. Déjà porteur d'une certaine sensibilité que les musiciens n'ont jamais craint de dévoiler, When I Have Fears se voit suivi par Gigi's Recovery où l'on découvre une nouvelle série de titres aux multiples textures, emplis de cette rage distillée par intraveineuse et recelant l'écriture sombre mais juste de James McGovern.

Gigi's Recovery propose douze morceaux où le post-punk un peu primaire est délaissé afin d'explorer d'autres territoires. Une tonalité largement plus sombre s'impose, les sonorités s'ouvrent à plus d'échos et s'étoffent distinctement, les guitares se font plus profondes et tendues, le rythme est sobre mais gagne en intensité avec une cadence lourde et hypnotique. Nous découvrons tout un étalage d'effets synthétiques et glacés qui offrent des sensations jusque-là jamais ressenties chez The Murder Capital.
Le chant de James McGovern continue de prendre aux tripes grâce à son intensité et sa volonté affirmée d'être complétement sincère, volonté qui peut se voir un peu noyée par le jeu de scène très poseur du jeune dublinois mais c'est là toute la complexité qu'on trouve dans la musique et l'image du groupe. Ainsi, pleinement marqué par un choix de thématiques assez graves, le rock obscur de The Murder Capital exprime ici tout son potentiel.


Les titres d'introduction et de clôture, Existence et Exist, constituent une boucle nous faisant naviguer sur un courant fluctuant selon les degrés d'émotions des morceaux. Majoritairement solennels et toujours d'une grâce infinie, des titres comme Crying, Belonging, The Lie Become The Self ou l'intense We Had To Disappear frappent fort car démontrant une grande maturité chez des musiciens pourtant encore bien jeunes. Sans pour autant tomber dans le dramatique, et comme expliqué par le groupe dans l'interview qu'il a bien voulu nous accorder, il s'agit ici d'un album à cœur ouvert, le process ayant impliqué le seul ressenti sans contraintes imposées ni objectifs particuliers à atteindre, juste de la façon la plus naturelle possible.


Il persiste toujours dans la musicalité du groupe cette touche d'énergie punk que l'on perçoit parfaitement dans Ethel, Return My Head, A Thousand Lives, Only Good Things ou en crescendo dans le titre éponyme Gigi's Recovery, toujours avec cette subtilité qui extirpe The Murder Capital de la masse un peu convenue de la scène dite « post-punk » de ces dernières années.

L'écoute de ce second album se révèle une expérience puissante car l'on y perçoit la totale intégrité de ses compositeurs dans sa conception. Fragile et violent à la foi, Gigi's Recovery est déjà l'un des moments les plus marquants de cette année 2023.