Bilk

À peine le temps de profiter d'un léger redoux qu'une période de grand froid va déferler sur la France. Alors quoi de mieux qu'un groupe de rock qui envoie pour affronter cette saison difficile et sortir du blues de l'hiver ? Encore inconnus du grand public et des moteurs de recherche, Bilk ont déjà acquis une réputation de live impressionnante - après avoir été reconnus par Clash Magazine comme un des "must see" du festival The Great Escape - grâce à des morceaux bien ficelés et un rock puissant. Ils publient ce vendredi 10 février leur premier album Bilk chez Scruff of the Neck Records. De quoi réchauffer le cœur des amateurs de musique en cette entame de mois de février.

Composé de Sol Abrahams (chant/guitare), Luke Hare (basse) et Harry Gray (batterie), le trio est originaire de l'Essex, un comté principalement rural constitué de réserves naturelles, de villes historiques et autres stations balnéaires. Sa proximité avec Londres crée un mélange angoissé et unique d'indie, de rap et de punk, jalonné par des paroles sociales ancrées dans un réel désillusoire reflétant les hauts et les bas de la jeunesse britannique. Un savant mélange qui obtient les faveurs de Louis Tomlinson (ex-One Direction) et qui conduit Bilk à être scrutés par plusieurs millions d'internautes. Leurs concerts deviennent également une légende culte pour une nouvelle génération de fans de musique, ce qui entraîne le chaos dans les lieux où le groupe se produit au Royaume-Uni - mais qu'en est-il quand le groupe doit capturer l'essence de ce qui fait son succès pour la commercialiser ?


Bilk est un disque enlevé, énervé et léger - fruit de la collaboration de jeunes gens doués qui ont à peine atteint la majorité. Un premier album truffé de tubes sous influences Arctic Monkeys, Green Day, The Jam ou encore Nirvana dont la piste d'ouverture Daydreamer semble être un succédané de Smells Like Teen Spirit. Cette bande de petits garnements à peine majeurs, outrageusement gâtés par les dieux de l'inspiration, semble prendre un sacré plaisir dans l'exercice de faire de la musique aux antipodes des standards actuels. Et ça s'entend ! La joie de vivre, l'envie de s'éclater et de se faire connaître transpire de chaque morceau aux allures de hit imparable. Leur énergie brute et leur exubérance juvénile sont palpables sur chacune des pistes (Hummus and Pitta, Be Someone...) sans vulgarité, mais avec juste ce qu'il faut de crasse et de transpiration pour savoir que c'est une danse 2.0 d'un chaman à son auditoire.

Dans la même lignée, Brand New Day et Fashion font dans le morceau catchy/punchy totalement jouissif, à grand renfort de groove et de riffs de guitare simples mais efficaces. D'ailleurs, du point de vue riff d'exception, on n'est pas déçu... L'album en est truffé ! Mais au-delà de cette science qui fait mal, Abrahams brille par son flux féroce inspiré des références du genre, à l'instar d'Eminem ou Dizzee Rascal. On ne peut pas dire que leur disque va révolutionner la musique du 21ème siècle, mais on comprend pourquoi la musique de Bilk provoque de belles empoignades (voire plus si affinités) dans les salles de concerts du Royaume-Uni et peut-être bientôt en Europe ! Essayer de rester complètement immobile en écoutant la ligne de basse de Things Ain't Always What They Seem ou encore le rythme funky de Just Don't Work For Me etc.. relève de l'exploit. It's No longer There et ses allures de Music When The Lights Go Out fait son apparition en milieu d'album pour soulager notre nuque dans un joli guitare-voix. Idem pour le titre Part And Parcel qui semble avoir été enregistré de façon plus rudimentaire que les autres pistes.

Bilk témoigne de quoi sont capables les nouvelles forces vives britanniques biberonnées aux influences diverses et variées. Il n'y a donc pas à douter du potentiel de ce groupe qui semble destiné à de grandes choses tant qu'il conservera son approche originale de la musique et cette ingéniosité à mêler les genres. Attitude punk et riffs indie jalonnés d'une prosodie rap à faire pâlir toute jeune pousse hip-hop, Bilk ont déjà lancé une série d'hymnes contagieux de trois minutes pour la génération Z désenchantée.