Dot Allison

Il y a deux ans de cela, Dot Allison nous gratifiait du formidable Heart-Shaped Scars, album à la sensibilité forte et aux parfums forestiers. Heart-Shaped Scars était un voyage passionnant qui démontrait la volonté de l'artiste de présenter une musique organique, apaisante, et apaisée, bien loin de l'escapade électronique glaciale de We Are Science. Consciousology est la suite logique des productions de 2021. Il s'inscrit même dans une continuité évidente tant Dot Allison nous ressert une recette où la même ambiance sylvestre est mise en avant, où le même calme fait figure de colonne vertébrale, d'essence.

Sur Consciousology, l'impression d'être dans un jardin est saisissante. Chaque pièce s'apparente à une floraison, à l'éveil de la nature. C'est particulièrement vrai sur Shyness Of The Crown, ou sur le touchant Bleached By The Sun. Sur ce titre, la mélodie de guitare tout en arpège est soutenue par des touches orchestrales vaporeuses toutes en retenues. Ce schéma est au final une constante ici, et tout l'album est construit par ce prisme.
Les quelques écarts que s'accordent Dot Allison et ses comparses Andy Bell et Hannah Peel, à contribution dans la mécanique de construction de Consciousology, sont anecdotiques, et les légères touches électro de l'instrumental 220Hz, sur Shyness Of Crown ou Double Rainbow ne leurrent personne. Ces arpèges de guitares, habillés par le travail délicat du du London Contemporary Orchestra, semblent désormais un format duquel Dot Allison ne veut se sortir.

L'effet produit est frappant. Tout au long de l'album, semblent s'entremêler une espèce d'analogie entre les sentiments humains et les cycles de la nature. Certes, l'ambiance est parfois variable, entre l'étrangeté de Milk And Honey, et l'espace de sérénité qu'offre Moon Flowers. Ces variations sont pourtant légères et Consciousology vous plonge dans une atmosphère uniforme, cotonneuse, fragile, le tout largement renforcée par le chant souvent fluet ou presque chuchoté de Dot Allison.
C'est peut-être ce qui fait toucher les limites de ce que peut offrir ce nouvel album, car si tout s'apparente à un travail d'orfèvre, ou chaque mouvement est calculé, pensé pour ne pas en déranger un autre, parfois, le sentiment de lassitude peut s'installer, à tel point que l'impression de n'écouter qu'un seul morceau peut apparaître à la première écoute.

Voici qui est plutôt dommageable, car d'aucun aurait tôt fait de ne pas aller plus loin et vite abandonner Dot Allison à son jardin fleuri tant l'ennui pourrait prendre le pas sur la beauté. Ne vous laissez pas happer par l'envie de zapper frénétiquement, fichu mal du temps, car Consciousology est un appel au calme, à ralentir le rythme effréné de nos vies contemporaines. C'est un peu ce que pourrait évoquer Weeping Roses, morceau final de l'album, résumé à lui seul de l'esprit de ce disque.

Certes, ce nouvel album aura tôt fait d'en rebuter plus d'un, et Dot Allison fait le pari risqué de rester dans le sillage peu évident qu'elle avait tracé deux ans auparavant avec Heart-Shaped Scars. Surtout, Consciousology souffre de la comparaison avec ce dernier, et l'entêtement de l'artiste ne semble pas s'embarrasser de l'essoufflement de l'auditeur, possiblement lassé devant un schéma exploré avec talent par l'écossaise sur son effort précédent.

Néanmoins, prenez le temps et le soin de vous imprégner de ce nouvel album qui, plus qu'aucun autre, vous apparaîtra différent en fonction des instants de votre vie que vous daignerez lui apporter.