The Slow Show

En cette période où la testostérone et l'adrénaline brûlent nos organismes pour cause de Coupe du Monde de Rugby, il est bon de s'octroyer quelques pauses apaisantes pour ne pas finir en torche incandescente. Heureux que nous sommes, voilà que tombe à point nommé le nouvel album de The Slow Show, au nom énonciateur Subtle Love. A peine une année et demie suite à l'envoûtant Still Life qui nous avait redonné foi en la douceur de vivre après une période méchamment tourmentée par une pandémie mondiale, les mancuniens reviennent avec dix titres et, malgré leur parcours quasi parfait, réussissent à toujours monter d'un cran dans la majestuosité.

Pour ce nouvel opus, Rob Goodwin, Frederik't Kindt, Chris Hough et Joel Byrne McCullough ont entamé pour sa confection un retour aux sources : une réunion à Belfast, d'où est originaire le guitariste Joel. Rassemblés dans une grande maison tous les quatre, avec aux manettes pour la production rien moins que le frère de Joel, Dan Byrne McCullough, le groupe a opté pour la vie et le travail en cercle fermé et c'est en une petite semaine que les titres ont été finalisés pour donner naissance à un recueil de pop mélodieuse aux atours de musique de chambre tant l'orchestration y est soignée et les arrangements d'une incroyable richesse.


The Slow Show ne sont jamais meilleurs qu'entre eux : ayant survécu aux divers confinements, revenus encore plus forts, on sent comme un peu plus de maturité dans cet album qui de folk acoustique (Subtle Love), indie pop (Learning To Dance) à ode orchestrale (One Shot) explore encore plus le champ des possibles dont sont capables Rob et sa bande. Guitare acoustique, violons, trompettes, piano, instruments à vent... La musicalité explore tout un panel de sensations avec comme fil conducteur l'élégance et la subtilité. Un titre d'album parfait et qui offre au timbre de baryton de Rob Goodwin le meilleur écrin possible : le chant de ce dernier y est puissant et fragile à la fois, il est à nos oreilles un peu comme une caresse qui peut se faire tout aussi timide que passionnée.


L'entrée en matière qu'est Roulette déploie dès ses premières notes un cadre fastueux, qui va bien au-delà d'une simple et agréable pop romantique. L'amplitude prise grâce aux violons est vertigineuse et nous retrouvons ce brio que maniait parfaitement plus de vingt ans auparavant un certain Neil Hannon en nous annonçant en grandes et belles pompes sa Fin de Siècle, mais ici avec un peu moins de grandiloquence (n'est pas Neil Hannon qui veut). Tides, Lament, Pale, Royal Blue : des mots qui expriment de par leur simplicité la recette mise en œuvre pour ce nouveau disque. Des morceaux purs et qui visent droit au coeur tout en reflétant l'humilité des musiciens, en particulier Rob Goodwin qui, via ses réseaux sociaux, maintient régulièrement le contact avec son public en le régalant de quelques interprétations acoustiques chez lui, en toute simplicité.

Subtle Love nous entraîne comme sur un fleuve au courant tantôt doux, tantôt emporté et c'est le chant captivant de Rob Goodwin qui tient la barre de ce petit vaisseau aux allures presque surnaturelles. Une réussite qu'il nous tarde de découvrir en concert les 2 octobre à Bordeaux, 4 à Grenoble, 5 à Paris et 6 à Lille, idéalement entre deux matchs.