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Vince Clarke

Songs Of Silence

Vince Clarke - Songs Of Silence
Chronique Album
Date de sortie : 17.11.2023
Label : Mute
45
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 13 novembre 2023
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Il est de ces disques qui vous surprennent, vous prennent à contre-pied, et révèlent de la part d'un artiste des intentions que vous n'auriez imaginées. Songs Of Silence, premier LP solo de Vince Clarke, est de ceux-là.

La simple évocation de ce nom rappellera à la plupart d'entre vous l'histoire d'un homme poussé vers la sortie par le duo Martin Gore / Dave Gahan, trop peu convaincu par les nouvelles propositions de chansons que le musicien leur présentait pour Depeche Mode. Très affecté par la réaction de ses comparses, Vince Clarke s'en était allé pour trouver un éphémère succès avec Yazoo puisque dès 1983, notre homme mettait fin à sa collaboration avec Allison Moyet. Puis, entre la mise en place de la structure Reset Records et quelques tentatives de projets avortés, Vince se lance dans l'aventure toujours en cours aujourd'hui avec Erasure. Celle-ci qui a marqué profondément les années 80 (Oh L'amour, A Little Respect, Sometimes...).

En parallèle, Vince Clarke ne s'arrête pas, entre collaborations diverses (Ann Brun, Jean-Michel Jarre, Paul Hartnoll de Orbital...), des formations plus ou moins longues (The Clarke And Ware Experiment, Family Fantastic...), la reformation de Yazoo le temps d'une tournée ou un album en duo avec Martin Gore (VCMG). Devant un telle activité, l'idée d'un album solo n'est pas à ce point surprenante. Pourtant, c'est surtout le fond qui étonnera, car avec ce Songs Of Silence, Vince Clarke nous propose un album ambiant absolument déroutant, pièce singulière dans tout ce qu'il a fait jusqu'ici. Il s'agit d'un voyage spatial fait de contemplations à travers le hublot d'une navette. Un voyage qui n'aura de limites que celles que votre imagination lui imposera.

Songs Of Silence parle du silence des étoiles, il est une célébration du calme. Cathedral agit ainsi comme un éveil à cette quiétude, comme pour mieux vous habituer à ce qui vous attend, elle est une nappe ambiante assez immobile. Cependant, tout du long cette traversée, rien n'est ennuyeux. Parfois, cette coupure avec le réel est troublée par des compositions froides mais néanmoins animées par des pulsations électroniques comme sur White Rabbit. Aussi, Vince Clarke s'autorise l'utilisation d'une matière plus organique comme avec ce léger arpège de guitare sur le merveilleux Scarper, ou sur Blackleg, où s'entend au loin Blackleg Miner, vieille chanson traditionnelle du XIXème siècle.


Sur The Lamentations Of Jeremiah les évocations orientales rappelleront à notre voyageur ce périple entre Le Caire et Hatay, le long de la côté via Tyr, Beyrouth et Lattaquié, dans un temps où les bombes ne tombaient pas. Par moment, les sensations organiques s'éloignent et vous plongent dans l'immensité de l'univers, loin de tout repère familier. S'installe alors un sentiment d'angoisse et d'insécurité bien illustré par le magnifique Red Planet et ses sonorités sulfureuses. Sur Mitosis, autre grand moment de Songs Of Silence, la rythmique des loops apporte de la tension à ce voyage que l'on avait envisagé calme de bout en bout. Se dégage une sensation d'étrange absolument passionnante.
Passage s'apparente à quelque chose de plus convenu, et pourra sans difficulté rappeler à quelques égards les travaux de Vangelis sur The City. La voix humaine donne de la couleur et de la chaleur à l'ensemble et les sons de basses très connotés font jouer la corde de la nostalgie à plein, pourtant, tout s'emboîte parfaitement dans l'histoire que nous conte ici Vince Clarke. C'est réellement brillant.

Last Transmission annonce la fin de la fabuleuse traversée qui nous est proposée et c'est désormais à vous de continuer l'histoire. Vous êtes bien loin de tout ce que vous aura donné ce bon vieux Vince Clarke tout au long de son énorme carrière, mais Songs Of Silence n'est pas qu'un simple album ambient. C'est une œuvre majeure dans les nombreuses productions d'un homme qui ne peut se contenter des chansons électro-pop légères de Erasure. Cet album est animé d'une véritable intelligence et sera totalement immersif pour celui qui voudra bien se laisser faire. Il vous entraînera alors dans une odyssée sonore exceptionnelle, véritable combustible pour votre imagination. Prenez donc quarante-cinq minutes de votre temps, soyez sûr de ne pas être dérangé et fermez les yeux. Bon voyage.
tracklisting
    01. CATHEDRAL
  • 02. WHITE RABBIT
  • 03. PASSAGE
  • 04. IMMINENT
  • 05. RED PLANET
  • 06. THE LAMENTATIONS OF JEREMIAH
  • 07. MITOSIS
  • 08. BLACKLEG
  • 09. SCARPER
  • 10. LAST TRANSMISSION
titres conseillés
    MITOSIS, RED PLANET, SCARPER
notes des lecteurs