Chronique Album
Date de sortie : 03.11.2023
Label : BMG Rights Management
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 1er novembre 2023
Tout juste soixantenaire depuis le 31 octobre, Johnny Marr célèbre cet évènement en nous proposant un Best Of retraçant sa carrière solo. Après un premier coup d’essai sous le patronyme de Johnny Marr + The Healers en 2002, le Mancunien est revenu, pour de bon cette fois, dix ans plus tard, sous son propre nom, avec The Messenger. Même s’il n’est pas forcément aisé de passer du statut de guitariste à celui de chanteur-guitariste, il faut reconnaître que celui-ci s’en sort plutôt bien. Et cette rétrospective Spirit Power : The Best Of Johnny Marr en est la preuve.
Parmi une multitude de formats (vinyles noirs, vinyles de couleur, picture discs, CD simple ou CD Deluxe), c’est à ce dernier que nous allons nous intéresser. Au format book présentant notamment les textes des chansons, cette version comprend vingt-quatre morceaux piochés principalement dans ses quatre albums. On retrouve bien évidemment New Town Velocity, classique absolu extrait de son premier essai solo, tout comme Upstarts ou encore European Me. En ce début de carrière, les compositions de Johnny Marr sont plutôt musclées. Le son est brut et sans concession. L’énergie qui transpire de ces chansons est puissante. Cette puissance va perdurer dans l’album qui suit, Playland, comme sur Dynamo. Toutefois, une orientation un peu plus groovy va aussi doucement s’installer (Easy Money). En bonus, le Britannique nous gratifie de son excellente reprise de I Feel You de Depeche Mode, paru initialement sur un quarante-cinq tours à l’occasion du Record Store Day en 2015.
C’est un peu plus tard, avec Call The Comet que l’ex-Smiths nous offrira son meilleur disque à ce jour. Si certains joyaux tels que Rise ou Day In Day Out ne figurent pas sur ce Best Of, d’autres pépites, et non des moindres, n’ont pas été oubliées. A commencer par Hi Hello réminiscence de There Is A Light That Never Goes Out, hymne inaltérable de son groupe défunt. Présentée également en version démo en tant que bonus de la compilation, on prend encore davantage conscience à son écoute de la mélancolie de la chanson et du talent de songwriter du britannique. Walk Into The Sea est une autre pierre précieuse extraite du troisième album de Johnny Marr présente sur cette compilation.
Celui-ci va par la suite de sa carrière s’aventurer également vers des sonorités plus électroniques. A commencer par Armatopia, parue en 2019, annonciatrice du coffret de 45 tours Single Life qui devient donc le compagnon de Spirit Power : The Best Of Johnny Marr et ouvre ce Best Of, puis Fever Dreams Pts 1-4, dernier disque en date paru l’année dernière et regroupant quatre EPs à connotation pouvant par moment évoquer New Order, voire même les Pet Shop Boys, chose qui en soi n’est pas très surprenante si on repense à l’aventure Electronic dans laquelle Johnny Marr était associé à Bernard Sumner et où Neil Tennant venait parfois s’immiscer. On retrouve extrait de cet album l’impeccable Spirit Power And Soul, Sensory Street ou encore la très réussie Night And Day.
Comme tout bon Best Of qui se respecte, quelques inédits ou raretés y sont présentes. Assez généreusement, le Mancunien nous offre, en sus des bonus déjà précédemment évoqués, Somewhere (dont une version démo), pop song classique, efficace et accrocheuse ainsi qu’une autre nouveauté, The Answer, musclée et addictive. Y figurent également The Priest, collaboration inattendue et pour le moins surprenante entre Johnny et Maxine Peake, parue en 2017 sur MANCMADE///Acts Of Hope, une compilation caritative. Une autre démo (The messenger) et deux morceaux en sessions (The Answer et Speak Out Reach Out) viennent également garnir ce très beau éventail musical.
Si certains doutent encore du talent en solo d’un des plus grands guitaristes de ces quarante dernières années, on ne peut que les inviter à se plonger dans l’excellent Spirit Power : The Best Of Johnny Marr. Pendant une heure et quarante cinq minutes, ils pourront se régaler au son des mélodies de celui-ci sans qui The Smiths n’auraient jamais existé. Johnny Marr strikes again !