Wings Of Desire

Dans le style du « les anglais font ça mieux », il est une constante qui n'est jamais mise en défaut dans la musique. Celui de cette pop légère, à la fois mélancolique, aérienne et intense. Cette espèce d'inaltérable qui voit le Royaume-Uni proposer des groupes comme Editors, ou plus récemment Inhaler, We Were Promised Jetpacks, ou IST IST. Ces groupes ne sont pas identiques, mais ils sont nourris d'une même sève leur musique sont autant de ramifications de toute cette époque cristallisée par l'hégémonie de la Factory.

S'il fallait un nouvel exemple à cette profusion comme autant de métastases d'une époque révolue, vous avez devant vous Wings Of Desire. Ces deux ne vous sont peut-être pas totalement inconnus puisque Chloe Little et de James Taylor s'étaient déjà distingués sous le nom de INHEAVEN. Quelques premières parties notables (Circa Waves, Blossom, Pale Waves) et un album sorti en 2017 avant un split auront scellé la courte d'existence de la formation.
Pourtant l'histoire ne s'arrête pas là puisque le duo Little – Taylor a continué à travailler ensemble. En résulte quelques singles sous le nom de Wings Of Desire. Signe des temps, d'asthénie ou paresse lascive, nos groupes ont du talent mais des idées assez limitées lorsqu'il s'agit de trouver un nom à leurs groupes. Exercice certes délicat, qui voit les formations choisir un simple prénom, une référence cinématographique quand en d'autres temps, la mode voyait certains s'affublaient de noms de clubs de foot anglais.

Passons, Life Is Infinite est le premier LP de nos deux amis, et comme évoqué plus haut, il est question ici de se placer dans les grandes lignes d'un pop baignée dans un post punk léger aux relents des années 80, celui-là même qui flirtait avec les contours d'une new wave parfois envahissante dans sa façon de bousculer les lignes. À cet égard New Order est une pièce essentielle de ses influences et Wings Of Desire ne cachent pas leur admiration pour la bande de Bernard Sumner. Le doute n'est plus permis à l'écoute du son de la basse de Taylor et sa position parfois prédominante dans la musique du duo. Sur le très plaisant A Gun In Every Home, la quatre cordes a ce quelque chose d'aérien qui donne une respiration des plus agréables à ce morceau plutôt nerveux. On en restera là pour la comparaison, le groupe ne présentant en aucun point les structures électroniques chères à New Order.
Pourtant, là n'est pas l'unique axiome pour rattacher la musique de Wings Of Desire à cette époque. Il est question d'intention, de comportement. Ici, la production est étonnamment léchée, peut-être trop diront certains, à l'image de l'esthétique que l'on retrouve assez régulièrement ces derniers temps chez quelques groupes désireux de tout lisser jusqu'à en perdre la moindre aspérité émotionnelle. La crédibilité de Wings Of Desire n'est pas mise à mal pour autant et un morceau comme A Million Other Suns mérite toute votre attention. Mélodie intelligente, accroche quasi immédiate, le duo utilise des leviers qui font mouche et parviennent à toucher leur cible sans difficulté.


Runnin, titre d'ouverture de l'album, fonctionne aussi sur cette méthode, et annonce une ballade des plus engageantes. Pourtant, tout ne fonctionne pas comme prévu dans cette histoire, et Life Is Infinite souffre par moments de turbulences coupables assez importantes pour que l'ensemble ne reste à flot. Ainsi, I Will Try My Best ou Made Of Love paraîssent assez dispensables et alourdissent malheureusement le propos du groupe. La tolérance aux paroles volontairement légères vole totalement en éclat avec Angels, dont l'enrobage avec ces claviers aux émanations ecclésiastiques est vraiment de trop et finit par desservir les bonnes intentions de départ. Malheureusement le faux pas ne s'arrête pas là puisque l'album se termine par [The Knife], petite ballade acoustique mélancolico-plaintive un peu trop cliché et dont on se demande bien ce qu'elle vient faire là.

L'impression finale est donc somme toute assez mitigée. Sans être révolutionnaire, Life Is Infinite reprend des codes bien connus avec un savoir-faire certain. Néanmoins, l'ensemble manque peut-être d'un brin de personnalité ou de folie pour arriver à surprendre ou à convaincre totalement. L'épreuve du premier album est cependant passée sans encombre, mais il faudra attendre les prochaines échéances pour réellement en savoir plus.