Plantoid

Si vous en avez assez du post-punk, voici un disque pré-punk ! Plantoid, avec ce nom et une pochette échappés du prog rock, empruntent au jazz d'avant-guerre et aux expérimentations psychédéliques des années 60s-70s. Pas besoin de punk, on ne perd rien en spontanéité, l'album est enregistré live sur un 16 pistes analogique des années 70s, pour la touche jazz et organique. On ne perd rien en folie tapageuse non plus, ça part dans tous les sens, et la guitare est particulièrement déchaînée. Si l'on devait comparer Plantoid à une autre formation, ce serait sans doute à black Midi pour le délire jazz rock, mais en plus psychédélique et moins énergique.

L'album intéressera aussi bien ceux qui trouvent que tout était mieux avant que ceux qui recherchent quelque chose de neuf et différent. Plus qu'un rapport de voisinage dans la bouillonnante cité balnéaire de Brighton, pas étonnant que Bella Union ait choisi de sortir leur premier album, le label est à l'aise avec les groupes qui font le pont entre des genres si différents qu'ils en deviennent inclassables.


Chaque musicien semble être le leader du groupe. Que ce soit la voix, la guitare ou la section rythmique, chaque partie est indépendamment assez riche pour porter le morceau. Mais par la magie du groupe, elles s'emboîtent naturellement, laissant la place aux autres comme dans une discussion animée mais cordiale. Tantôt en opposition, tantôt en soutien, les musiciens jouent leurs partitions comme un groupe d'amis qui ne sentent pas dans l'obligation de fusionner en une seule entité et s'enrichissent mutuellement. Ainsi, les parties de guitares les plus inspirées ne sont pas vraiment en solo, mais plutôt en duo avec la section rythmique qui répond plus qu'elle ne soutient (Wander/Wonder).

Terrapath n'est pas vraiment le genre de disque à laisser tourner en toile de fond, il faut prêter attention à ce qui se passe pour en apprécier la richesse. Les personnes sceptiques ou impatientes pourront se contenter de Is That You?, premier morceau qui, certes en six minutes, fait la synthèse des ambiances éthérées ou surchargées de l'album. Le but est d'aiguiser sa curiosité, et c'est déjà très bien.