Chronique Album
Date de sortie : 05.04.2024
Label : Wrecking Light Records
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 4 avril 2024
On a découvert Still Corners en 2010 avec leur fabuleux single Don’t Fall In Love. Formé en 2009, le duo est composé de Greg Hugues et Tessay Murray (ndlr : Greg Hugues avait déjà à son actif, sous ce même nom, un premier mini-LP intitulé Remember Pepper) et, après un passage chez Sub Pop le temps de deux premiers efforts, a fondé en 2016 son propre label, Wrecking Light Records, sur lequel sort donc leur très attendu sixième album, Dream Talk.
Sur Slow Air, et leur précédent et au demeurant excellent album, The Last Exit, Still Corners nous ont transporté au gré de longs road trips. Pour leur nouvelle création, en partie enregistrée dans le sud de la France, l'Anglaise et l'Américain ont plongé dans l'univers du rêve. Le premier extrait de Dream Talk, révélé en décembre dernier, Secret World, donne le ton. Sans parler de tube, cette chanson incarne parfaitement l'essence de Still Corners : une voix angélique, des sonorités synthétiques, une mélodie accrocheuse et des guitares léchées. Tout en nuances nostalgiques et délicates, cette composition conserve à merveille leur signature et ne peut que séduire l'auditeur. The Dream, qui lui succède, nous transporte encore plus loin en établissant un lien musical avec leur précédent album. L'esthétique cinématographique qui caractérise le duo depuis ses débuts, inspirée notamment de l'univers de David Lynch, est pleinement présente. "We’re in a dream and maybe it’s a dream within a dream", chante Tessa Murray, nous plongeant dans un dédale à la manière de Twin Peaks, tandis que Greg Hughes distille le son cristallin de sa guitare.
Crystal Blue, dernier single dévoilé en prélude à la sortie de Dream Talk, s'inscrit bien entendu dans le thème du rêve. "Do you dream of me like I dream of you" interroge la chanteuse britannique. Contrairement à ses prédécesseurs, la chanson est rythmée par le son de la mer et est empreinte d'une immense mélancolie. Cette atmosphère mélancolique se retrouve également dans la downtempo Faded Love, où les souvenirs se dissipent, évoquant la fugacité des rêves qui s'estompent souvent rapidement. Still Corners conservent leur empreinte caractéristique en proposant, comme par le passé, des morceaux accrocheurs tel Today Is The Day, qui ouvre l'album sur une mélodie parfaitement séduisante, agrémentée du son de guitare à la Chris Isaak. Sur Let's Make Up, la guitare trouve également une place de choix, rappelant un tant soit peu Dire Straits. The Ship, quant à elle, offre une ambiance planante, accompagnée des vocalises envoûtantes de Tessa qui nous entraînent pour un voyage vers l'inconnu. Turquoise Moon constitue l'un des moments les plus émouvants de l'album. La conclusion de Dream Talk associe amour, magie et beauté et captive l’auditeur.
Dream Talk permet à Still Corners de conforter leur position de maîtres de la dream pop. Cet album offre une expérience auditive, fusionnant magie, amour, beauté et mystère dans un tourbillon de sonorités envoûtantes. En se laissant emporter par leur musique, nous sommes invités à rêver, dans un monde où la réalité et l'imaginaire se rejoignent pour créer quelque chose de littéralement magique.