Chronique Album
Date de sortie : 03.05.2024
Label : Merge
Rédigé par
François Freundlich, le 10 mai 2024
Après plus de dix ans d'absence, ce groupe majeur de la pop écossaise est de retour avec un sixième disque empli de perfection et d'émotion. Avec ses claviers hantés par Carey Lander, membre du groupe disparue tragiquement en 2015, Camera Obscura reviennent et nous les accueillons à bras ouverts comme de vieux amis qu'on avait perdu de vue.
Dès les premiers accords, On retrouve ce son vaporeux et la voix incomparable de Tracyann Campbell qui nous a bercés sur tant d'albums. Leur musique nous transporte immédiatement dans ce cocon pas si obscur que ça, dans lequel on se retrouve à chaque fois que l'on écoute leurs albums ou leurs concerts. Et autant le dire tout de suite, la scottish pop atteint un sommet sur ce disque tellement beau et touchant d'un groupe qui semble renaître de ses cendres à son sommet. Cette voix pleine de déliée, plaintive et assurée à la fois revient comme l'un des repères de la musique britannique. Une sensibilité unique qui nous déchire immédiatement le cœur sur ces morceaux où les claviers et la voix se font mélancoliques, comme marqués d'une tristesse inconsolable. Et pourtant la joie et les refrains efficaces à chanter à tue-tête sont également là. Une guitare claire, des synthés vintage plus présents, des déviation vers la folk et l'americana, Camera Obscura explorent de nouvelles voies tout en conservant l'essentiel.
Liberty Print lance le slow dancing avec ce refrain qui s'envole dans les nuages et cette guitare électrique claire qui parvient à dissoner l'ensemble juste ce qu'il faut pour garder la mignonnerie. Les singles s'enchaînent comme autant de pépites, avec des messages forts comme sur We're Going To Make It In A Man's World, enchantement doux-amer qui revendique son féminisme. Un psychédélisme délicieux apparaît sur Big Love ou l'influence d'outre-Atlantique rejaillit. Le romantisme s'exprime sur des ballades comme Only A Dream, qui semble invoquer Carey Lander avec un texte sur l'absence et le manque. Tout comme Sleepwalking, remplie de couleurs mais aussi de noirceur avec des notes de piano marqués d'une tristesse inconsolable. Sugar Almond est du même acabit, comme une déclaration d'amour devant l'éternité avec cette voix voilée qui nous tire une larme de ses textes « Sugar-coated Almond as grey as Glasgow skies ».
Look To The East, Look To The West est un disque traversé d'émotions fortes, qui s'écoutera allongé au soleil et dans la joie. Cet album très personnel a mis dix ans à émerger pour atteindre une sorte de perfection avec des titres plus beaux les uns que les autres. Il restera comme un grand moment de la pop écossaise des années 2020. Quant à nous, on lâche un « c'était trop bien. » à la première écoute complète. Oui, ça l'était, et on l'espère pour longtemps.