Chronique Album
Date de sortie : 31.05.2024
Label : Mercury KX
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 1er juin 2024
Nous n'étions pas sûrs d'écouter un jour un nouvel album de Bat For Lashes. Depuis Lost Girl en 2019, Natasha Khan s'est faite discrète. Devenue maman il y a trois ans, sa vie a été bouleversée. Mais l'Anglaise n'a pas totalement disparu de la scène musicale, avec notamment sa participation l'année dernière à l'album Future Falling de The Album Leaf. Cette fois, elle revient enfin avec son sixième opus, The Dream Of Delphi.
Delphi, qui signifie le centre du monde dans la mythologie grecque, est aussi le prénom de la fille de Natasha Khan. Celle-ci joue un rôle central dans l'album, qui ressemble à une véritable lettre d'amour de la chanteuse à son enfant. L'écoute débute avec l'exquise The Dream Of Delphi (également présente en bonus track dans une version étendue avec cordes). C'est l'une des pistes les plus rythmées du disque, mais on est loin des sonorités eighties de Lost Girls. Ici, Natasha Khan nous entraîne dans un univers mystique bien à elle. Les songes en font partie intégrante, et elle nous y transporte avec une musique souvent minimaliste, où sa voix se glisse avec grâce. Celle-ci, parfois angélique comme sur At Your Feet, apporte une dimension encore plus lyrique et méditative à sa musique. Le piano y est omniprésent, notamment sur Christmas Day, At Your Feet et The Midwives Have Left, où la délicatesse de la musique de Natasha Khan s'exprime pleinement.
On ressent la force de l'amour que Natasha Khan porte à sa fille à travers chaque note de The Dream Of Delphi. Dans Christmas Day, les seules paroles « You're a gift, you're a gift, you're from me, but you're not mine » sont chantées avec une mélancolie parfaite. Cette ligne résume l'essence de l'album, une douce contemplation sur l'amour et la possession de l'autre. Breaking Up évoque, dans une interprétation jazzy, la séparation de l'anglaise avec le père de sa fille, survenue peu de temps après la naissance de Delphi.
À de rares moments, Natasha Khan nous offre des mélodies plus électroniques et rythmées. C'est le cas de Home, où sa voix est bien plus mise en avant que d'habitude. Delphi Dancing est quant à elle une fausse ode à la danse et ressemble plus à un voyage vers le soleil pour Natasha et sa fille. Il est indéniable que l'album manque parfois de rythme. Cependant, il brille par la richesse de son instrumentation. En plus du piano, la harpe et la flûte occupent des places de choix, apportant une délicatesse et une sensibilité extrême. Chaque morceau permet à l'émotion et la finesse de se rencontrer pour créer une œuvre profondément personnelle et touchante. Natasha Khan prouve une fois de plus son talent pour créer des univers sonores uniques, où l'intimité et le rêve se mêlent harmonieusement.
The Dream Of Delphi marque un joli retour pour Natasha Khan. À travers cet album, elle exprime magnifiquement les joies et les peines qu'elle a traversées avec la naissance de sa fille en pleine pandémie. Ce disque très personnel touche par sa sincérité, bien qu'il puisse sembler un peu trop calme par moments.