Chronique Album
Date de sortie : 14.06.2024
Label : Lucky Number Music
Rédigé par
Amandine, le 12 juin 2024
Les flamboyants Walt Disco nous reviennent avec un second album, The Warping, et remettent un coup de pied dans la fourmilière des masculinistes avec douze titres à la fois introspectifs et revendicatifs, venant nourrir la discographie de ce jeune groupe qui ne cesse de surprendre.
Depuis leurs deux premiers EPs et, fin 2022, leur premier album, Unlearning, on savait les Ecossais férus de la grandiloquence pailletée et lyrique du glam mêlée à la noirceur du goth et de la new wave. Aujourd'hui, The Warping reprend dans les grandes lignes les codes posés précédemment tout en osant s'aventurer vers de nouvelles sonorités.
Sur cet album, on retrouve des thèmes qui leur sont chers mais traités de manière plus personnelle et introvertie, notamment concernant la dysphorie de genre ou l'insécurité à vivre des changements. Contrairement à son prédécesseur qui avait été enregistré pendant le COVID-19 avec les moyens du bord, cet album a profité de studios entre Los Angeles, Austin, Londres et Glasgow.
L'instrumentation s'étoffe, et dès l'entame sur Gnomes, les cordes nourrissent la grandiloquence chère à Walt Disco. Le groupe déclarait il y a peu en interview « Ce serait peut-être plus facile pour nous si nous étions plus "normaux" ou si nous nous en tenions à un seul style, mais nos héros - Bowie, Queen - ont tous transcendé les genres à un degré ou à un autre, et nous avons l'impression que nous devons faire la même chose ! ». Effectivement, chez Walt Disco, il n'y a pas de demi-mesure et tout ce qu'ils tentent, c'est sans retenue.
Le dernier single en date, Come Undone, n'y fait d'ailleurs pas défaut. Le vidéo clip reprend l'esthétique romantique, les codes 80's en les poussant à la limite de la parodie. Cependant, musicalement, les relents de Roxy Music et toutes les années glorieuses du glam, de l'art pop (difficile de ne pas y entendre un peu de Talking Heads) sont remises dans une recette hyper moderne. Et c'est bien là la grande force des Ecossais, proposer un son nouveau, nourri de leurs aînés, osant l'irrévérencieux.
Tous les titres ne sont pas pas aussi clivants et lorsqu'ils proposent une pop plus conventionnelle (The Warping, You Make Me Feel So Dumb), ils restent tout aussi talentueux mais il n'empêche que c'est dans la démesure qu'ils excellent. Cet album est un mélange des genres des plus surprenants et l'hymne pirate (The Captain) y côtoie la ballade sombre, tordue, étrange (Black Chocolate). Dans ce melting pot, Walt Disco restent néanmoins fidèles aux revendications de leurs débuts, notamment concernant la masculinité ou la notion de genre. Ici, au travers de Jocelyn, titre salvateur pour son interprète qui vient conter sa quête d'identité et sa difficulté à faire face à la dysphorie de genre, le groupe vient passer un message fort et touchant sur un sujet parfois encore trop tabou.
The Warping est donc un condensé de folie, de too much, de claviers mais c'est avant tout un album à l'image de ses protagonistes : impactant, engagé et fragile tout en étant léger. Before The Walls, venant clôturer ce second chapitre, contient à lui seul l'antagonisme des douze compositions et nous laisse imaginer quel pourra être l'avenir de Walt Disco.