Travis

Trente-quatre ans après leur formation, les quatre de Glasgow revient avec leur dixième album studio. Leur précédent opus, 10 Songs, paru en 2020, avait marqué un joli retour après un Everything at Once plutôt décevant. Fran Healy, éternel conteur et charmeur, continue de nous séduire avec son groupe à travers des mélodies dont Travis ont le secret. Après avoir vécu à Berlin, le chanteur s'est installé depuis quelques années à Los Angeles. Ce nouvel album est ainsi consacré à la vision d'un Écossais sur la vie quotidienne aux États-Unis, plus précisément là où il vit.

Los Angeles, cette ville folle et souvent violente, permet au Glaswegian de passer incognito, comme monsieur tout le monde. Même si son groupe est mondialement connu, Fran Healy demeure un parfait inconnu pour la plupart des habitants de la ville. Il peut ainsi prendre le bus comme n'importe quel Californien et ressentir les mêmes émotions. C'est cette histoire qu'il raconte dans Bus, morceau d'ouverture et troisième single extrait de L.A. Times. La chanson, délicate avec un zeste de mélancolie, nous emmène dans ce fameux voyage en bus. Gaslight, premier single dévoilé en mars dernier lors de l'annonce de ce nouvel album, est très pop, typique de Travis. La chanson, entraînante malgré une thématique grave sur la manipulation psychologique, traite de la remise en question de sa propre réalité, mémoire ou perception.

Pour ce dixième album, Travis se sont entourés de Chris Martin de Coldplay et Brandon Flowers de The Killers : la downtempo Raze The Bar est le fruit de cette collaboration. Malgré la présence de ces grandes figures de la musique, on préfère Alive et la magnifique Live It All Again, véritable perle d'émotion et joyau de cet album. Contrairement à son prédécesseur, L.A. Times connaît quelques moments de faiblesse, principalement sur la face B. Home est un peu trop pop, tandis que I Hope That You Spontaneously Combust semble une petite fantaisie dispensable. Il en va de même pour la très américanisée The River, qui pourrait s'apparenter à une sorte d'hymne national américain. Fort heureusement, la simplicité de Naked in New York City et l'incroyable final éponyme de l'album redonnent de belles couleurs à cet opus. Dans ce dernier morceau, Fran Healy s'essaie avec brio au spoken word, apportant une belle dose d'inattendu à l'univers musical de Travis et à ce disque.

L.A. Times retrouve le format court (trente-deux minutes) de Everything at Once. Même si leur nouvelle sortie n'a pas la même intensité musicale que son prédécesseur, les Écossais conservent d'indéniables qualités pour composer des pop songs délicates et poignantes. On imagine aisément combien cet album doit compter pour son chanteur, bien que les mélodies parfois trop orchestrées nous fassent un peu moins vibrer qu'à l'accoutumée.