Nightshift

Troisième album pour les écossais de Nightshift, trois ans après le réussi Zöe. Et à l'écoute de cet Homosapien, on se dit que le quintet a su continuer à développer sa personnalité propre. Alors, certes comme sur le disque précédent, la voix de l'une des chanteuses fait parfois (voire souvent) penser à Nico, certes une influence Pixies assez nette se fait sentir (surtout avec la fréquente utilisation du quiet/loud), mais Nightshift sont suffisamment doués pour créer à partir de ces influences un post-punk qui leur est propre.

Très souvent, les titres sont construits autour d'un riff de guitare ou de basse redoutablement efficace, notamment Together We Roll, S.U.V. ou Side Effects. A partir de cette base, le groupe tisse une toile rythmée, inventive, avec parfois un refrain strictement instrumental (Crystal Ball, Together We Roll), ce qui démontre une volonté assez nette de se démarquer de ce qui se fait habituellement.

Mine de rien, Nightshift prennent également des risques en terme de productions. Si au début de l'album, celle-ci est encore assez conventionnelle, elle prend un tournant assez net à partir de Cut. Cette ballade, qui commence presque comme du Metallica (si si), monte progressivement en intensité avec l'ajout... d'un accordéon et d'une flûte. Alors comme ça, sur la papier, ça semble effroyable, et pourtant ça fonctionne parfaitement. Il en va de même avec ce qui est probablement le meilleur titre de l'album, Phone, morceau mid-tempo sur lequel c'est un violon qui s'invite. Et que dire du melodica qui surgit sur Y.T Tutorial (ce titre !) ? C'est osé, pour ne pas dire autre chose, mais c'est réussi. On notera enfin un très bon titre de clôture, Crush, qui en trois minutes et vingt-sept secondes, synthétise quasiment à lui seul tout l'album.

Un Homosapien réussi donc, même si on pourra en regretter sa brièveté, et aussi que certaines très bonnes idées ne soient pas davantage développées (aucun titre n'excède les trois minutes et trente secondes, et pour certains, c'est très dommage). Mais en tout cas voici un album qui sera fort agréable à écouter au cours de l'été qui s'annonce (enfin !).