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Glass Animals

I Love You So F***ing Much

Glass Animals - I Love You So F***ing Much
Chronique Album
Date de sortie : 19.07.2024
Label : Polydor Records
4
Rédigé par Adonis Didier, le 24 juillet 2024
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Si l'histoire de I Love You So F***ing Much, quatrième album de Glass Animals, devait avoir un début, une majorité d'historiens et de professionnels de la musique s'accorderaient sans aucun doute sur le 29 juin 2020. Comme pour toute étude mi-historique mi-religieuse menée par des personnes portant des vestes en velours ornées de coudières, la date officielle serait maintes fois remise en cause, certains crieraient pour la forme dans de grands amphithéâtres avant d'en claquer la porte, on monterait des écoles de pensée arguant qu'il vaudrait mieux débuter le récit au 7 juin 1989, date de naissance de Dave Bayley dans l'état du Massachusetts, ou un jour hasardeux de 2010, date de création du groupe dans un quelconque appartement mal rangé d'Oxford. Des échauffourées qui se concluraient comme toutes querelles universitaires par une mort naturelle suivant la chute de quatre étages d'un volume de 2546 pages et demie traitant de la vie de Paul McCartney, période 1962-1964, suivi d'un thread Twitter et d'un article en partie pertinent dans un journal prestigieux, comme le NME ou Sound of Violence.

29 juin 2020, donc. Un premier confinement vient de passer, le monde découvre le port du masque et l'odeur du gel hydroalcoolique, tente de profiter du soleil en espérant que ce conn*** de virus finira par se tasser, et Glass Animals sortent leur nouveau single Heat Waves. Au milieu des vagues de chaleur le coup marketing est bien placé, le single fonctionne correctement, et un génial troisième album Dreamland, aka le meilleur album de Gorillaz depuis Demon Days, voit le jour six semaines plus tard. Et là, surprise. La machine s'emballe, les gens sont coincés chez eux à scroller sur TikTok en boucle, Heat Waves monte en courant ascendant vidéo après vidéo, jusqu'à atteindre au 19 juillet 2024 la somme de 3 milliards d'écoutes sur Spotify et 723 millions de vues sur Youtube. Quand vous voyez ce que ça fait déjà un million, Larmina, on imagine le feu d'artifice dans la tête de Dave Bayley, voyant presque malgré lui sa chanson tourner dans le monde entier, son groupe se produire devant des foules de plus en plus grosses, le tout sur la base de trois somptueux albums, mais surtout d'un gigantesque tube. Un tube qui va ronger la cervelle de notre compositeur pop favori jusqu'à s'y installer pour y construire tout un quartier résidentiel et quelques maisons de charme à louer en Airbnb. Comme le dirait la chanson : « parfois je ne pense qu'à toi, tard dans les nuits de juin, et les vagues de chaleur me font croire des choses ». Vient alors I Love You So F***ing Much, ce nouvel album de Glass Animals donc, dont on ne sait s'il est une ode ou un exorcisme à la foutue ritournelle, s'escrimant pendant dix chansons à retourner sa pop rebondissante et sa mélancolie dans l'espoir d'en retoucher pour quelques secondes la magie, la grâce, et le succès. Tout ça pour dire que si j'ai autant brodé sans vraiment parler musique c'est parce qu'il n'y a finalement pas tant à dire sur ce nouvel album, si ce n‘est que si vous aimez Heat Waves et le single de 2022, I Don't Wanna Talk (I Just Wanna Dance), vous allez l'adorer également. Dans le cas contraire vous allez probablement trouver que ce truc de jeune vous dépasse tout autant que les trends TikTok et le fait que la peut-être future présidente des Etats-Unis est gavé brat.

Tout cela est pop, enrobé de sublimes nappes de synthés et de violons, de grosses basses, d'un petit beat Rn'B, et de la voix de Dave Bayley redevenue sans autotune. La musique de dancefloor rencontre à merveille les inspirations raffinées et le timbre fluet de Dave, Wonderful Nothing possède un petit air brat, Creatures In Heaven évoque le moment de réussite solaire où tout finit enfin par fonctionner, How I Learned To Love The Bomb rappelle beaucoup trop d'ex bipolaires à mon souvenir pour que je n'ai pas besoin d'un psy, et White Roses se paye le luxe d'être aussi belle et presque aussi bonne que Heat Waves en ne plagiant qu'aux trois-quarts la chanson de base.

Ressort de l'écoute un album sublime traumatiquement marqué par le souvenir de l'avant, et le besoin vital de s'y accrocher comme une bouée dans la dépression post-partum. Hanté par la peur de ne plus jamais faire aussi bien, I Love You So F***ing Much fait naturellement un peu moins bien que son génial prédécesseur : exit le rap-pop de Tokyo Drifting, exit le lo-fi déglingué de Waterfalls Coming Out Your Mouth, ne reste plus que la superbe pop mélo de Heat Waves, déclinée sur dix très bonnes chansons, dans un très bon album trop monolithique voire monomaniaque pour son propre bien.
tracklisting
    01. Show Pony
  • 02. whatthehellishappening?
  • 03. Creatures In Heaven
  • 04. Wonderful Nothing
  • 05. A Tear In Space (Airlock)
  • 06. I Can't Make You Fall in Love Again
  • 07. How I Learned To Love The Bomb
  • 08. White Roses
  • 09. On The Run
  • 10. Lost In The Ocean
titres conseillés
    White Roses, Wonderful Nothing, How I Learned To Love The Bomb
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