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Fat Dog

WOOF.

Fat Dog - WOOF.
Chronique Album
Date de sortie : 06.09.2024
Label : Domino Records
45
Rédigé par Jean-Christophe Gé, le 4 septembre 2024
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Il y a la musique pour se déhancher et la musique pour bondir à pieds joints. La passion pour Fat Dog commence sur scène, mais continue aussi très bien en studio comme vous avez pu le remarquer avec leurs cinq apparitions dans nos playlists, dont la prémonitoire Sound Of 2024.

Fat Dog reprennent la techno virile là où les changements constants de mode en Grande-Bretagne l'avaient laissée : dans une boîte à chaussures oubliée dans un grenier avec des cassettes de Nitzer Ebb et des CDs de The Prodigy Mais si ces derniers avaient un air quelque peu effrayants, nos nouveaux venus ont l'air aussi gentiment allumés et inoffensifs que Black Country, New Road.


Justement, le quintet a lui aussi fait grandir sa réputation scénique au Windmill tout comme Fat White Family, Squid, shame ou black midi avant eux. Le masque de berger allemand que porte leur batteur serait même un hommage à Lucky, un des anciens chiens mascottes du pub de Brixton. Mais c'est aussi en réaction à cette scène qui s'est construite une imagerie assez sophistiquée que Joe Love a pensé ce projet foutraque. Tel un labrador d'appartement qui rêve de grands espaces et de ballades en forêt, il a eu tout le confinement pour préparer ses nouvelles aventures.

Cet équilibre entre grotesque, profondeur et précision se retrouve jusque dans leurs influences : un punk qui frappe fort et sent l'énergie de l'engagement, l'electro-dance qui fait bouger, et... le Klezmer, la touche de folie du folk yiddish que Joe a découvert en jouant au jeu vidéo Serious Sam 2.
De l'aveu même de ses protagonistes, l'énergie qui vient percuter nos tympans avec fougue n'est pas celle de la colère, c'est celle de la confusion. La colère peut monter plus ou moins doucement et être alimentée par des pensées plus ou moins rationnelles, mais la confusion, c'est ce qui reste une fois que la raison a totalement lâché prise. Comme le dit le monologue final, « vous pouvez tuer l'Homme, mais vous ne pouvez pas tuer le Chien ».


Ne vous fiez pas aux apparences, sous les allures foutraques et les interviews sans queue ni tête, il y a un univers bien construit, une attention aux détails et le souci du travail bien fait dans la musique de Fat Dog. Voyez le tracklisting resserré de ce premier album qui ne contient que neuf titres, dont deux pour l'ouverture et la clôture. Ils n'ont gardé que le tiers de leurs expérimentations en studio, laissant penser qu'ils en ont encore sous le coude.
Domino Records n'a pas mégoté sur les moyens pour cette bande de jeunes chiens fous, le disque ayant été enregistré avec par James Ford de Simian Mobile Disco et The Last Shadow Puppets, producteur pour Depeche Mode, Blur ou Foals, et présent comme l'année passée à deux reprises sur la liste des candidats pour le Mercury Prize avec Beth Gibbons et The Last Dinner Party.

Tout ça, c'est pour la version officielle. Sur un groupe Telegram bien informé, des informations circulent comme quoi ces musiciens sont en réalité les survivants d'une religion antique qui n'a passé ni le test des années ni celui de la concurrence de religions monothéistes et patriarcales. Qui veut croire en un gros chien comme leader suprême à part une bande d'illuminés ? La question est posée, mais le programme est réjouissant.
tracklisting
    01. Vigilante
  • 02. Closer To God
  • 03. Wither
  • 04. Clowns
  • 05. King Of The Slugs
  • 06. All The Same
  • 07. I Am The King
  • 08. Running
  • 09. And So It Came To Pass
titres conseillés
    Kings Of Slugs - All The Same - I Am The King
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