Chronique Album
Date de sortie : 30.08.2024
Label : Communion Records
Rédigé par
Lena Inti, le 28 août 2024
Biberonné au rock des années 90 et influencé par des artistes comme Neil Young, le quatuor dublinois Wunderhorse considère Midas comme son premier album, même si ce n'est pas le cas.
Le squelette de son prédécesseur, Cub, avait été écrit par le chanteur Jacob Slater et développé par les autres musiciens dans un second temps. Ici, l'approche diffère par une plus grande spontanéité. Cette fois-ci, au lieu de tout écrire avant d'enregistrer, le groupe s'est laissé davantage d'espace pour créer. Enregistré au Pachyderm Studio, ayant vu naître de grands disques tels que In Utero de Nirvana et Rid Of Me de PJ Harvey, le deuxième disque de Wunderhorse semble avoir trouvé une recette convaincante et hérité des énergies favorables présentes dans le studio du Minnesota, lieu d'enregistrement rêvé de la formation irlandaise. Poussés par leur producteur Craig Silvey à conserver les erreurs enregistrées, inspirés par le chaos des tournées et son impact sur la santé mentale, Wunderhorse nous offrent un album brut et sincère entre rock garage et grunge.
Il débute avec le titre éponyme, simple et sans détour : un riff répété tout du long, des paroles plus parlées que chantées et déclamées avec nonchalance. Efficace, ni plus ni moins. Rain mérite davantage notre attention avec toujours une certaine urgence mais une mélancolie qui s'installe, et un peu plus d'espace pour une montée intéressante avec des accords dissonants. Au fil de l'album, l'intérêt augmente avec des morceaux montrant le potentiel du groupe pour des compositions qui respirent et qui permettent de mettre en valeur les titres coups de poing.
Emily, légèrement plus calme mais bouillonnante d'énergie, laisse entrevoir les possibilités vocales et la vulnérabilité de Jacob Slater au chant, communiquant davantage d'émotion. Silver et Arizona exploitent ces mêmes éléments à merveille, ce dernier titre ainsi que July empruntant d'ailleurs tellement à Nirvana dans le son de guitare, les mélodies et la voix du chanteur, que l'on croirait presque que les fantômes du Pachyderm Studio les ont enregistrés à leur place...
Superman, dernier single sorti avant la parution de l'album, est judicieusement placé en son milieu. Ballade de cinq minutes sur un homme qui rêve de s'envoler pour aider le monde, elle permet une respiration avant la brute July. Nous pourrons regretter l'enchaînement avec Cathedrals qui manque encore une fois de s'éloigner de leurs influences notables, suivi du titre poussif Girl, pop et gentillet, qui font tirer un peu cette fin d'album sur la longueur.
Aeroplane clôt le disque en douceur, et vous pourrez vous surprendre à fermer les yeux et y voir un coucher de soleil estival, une bière à la main, regardant les surfeurs prendre les derniers rouleaux au son de quelques accords de guitare. Probablement une réminiscence de la période de coach en surf du chanteur.
Les longues nuits passées par Jacob Slater et son ami guitariste Harry Fowler à écouter Pearl Jam, Led Zeppelin ou Nirvana, en décalage total avec l'entourage des autres étudiants, porteront leurs fruits pour les nostalgiques des années 90... Et peut-être même d'années un peu plus lointaines.