Blossoms signeront-ils un jour le grand album dont ils semblent capables depuis leurs débuts ? Le quintet de Stockport enchaîne les singles trépidants depuis maintenant dix ans et remplit désormais des stades. Toutefois, il peine toujours à convaincre pleinement sur la durée d'un disque...
A nouveau épaulés, comme depuis leurs débuts, par James Skelly de The Coral à la production, Blossoms semblaient pourtant dans une forme olympique en 2024. Les trois singles, la géniale Gary, pop song parfaite où il est question de la disparition d'un gorille en fibre de verre, la surprenante What Can I Say After I'm Sorry?, co-écrite et produite par J Loyd de Jungle, et la trépidante Perfect Me avaient placé la barre haute.
Las, Blossoms ratent encore (un peu) la marche. Si Gary brille par plusieurs excellentes chansons, parmi les meilleures du groupe, il livre aussi plusieurs titres moins réussis. L'horripilante I Like Your Looks est sans aucun doute la pire du lot, essai de tube vintage 80s qui tombe à plat avec un rap cheap et un refrain à la mélodie agaçante, chanté par l'Irlandaise CMAT. Big Star, malgré une narration pleine d'humour, ne brille pas autant que son titre pourrait le suggérer. La nostalgique Mothers, malgré un beau couplet, reste un cran en-dessous de ce que le groupe peut proposer de meilleur, tout comme Why Do I Have Given You The Worst Of Me?.
Côté réussites, Gary et Cinnamon sont des pop songs à guitare parfaites, quand What Can I Say After I'm Sorry? ouvre de nouvelles perspectives sonores passionnantes pour le groupe en inventant un son inédit, innovant et ultra efficace, entre la pop de Blossoms et la funk vintago-moderniste de Jungle. Également co-écrite par J Loyd, Nightclub est une sucrerie disco pop qui révèle tout l'amour du groupe pour ABBA sur une ligne de basse parfaite, une constante sur l'ensemble du disque. C'est que Blossoms peuvent encore et toujours compter sur leur arme secrète, Charlie Salt, dont les lignes de basse ultra mélodiques et groovy portent les morceaux et qui brille en particulier sur cet album.
Gary montre donc qu'après dix ans d'activité, les musiciens de Blossoms continuent à développer leur savoir-faire et à enrichir leur palette sonore. Portés par une belle production, ils signent ainsi ce qui, à ce jour, est peut-être leur album le plus cohérent et abouti. S'ils brillent par leur humour, ils tombent aussi parfois dans le potache, donnant naissance à certains titres dispensables qui diluent un peu le propos. Dommage.