October Drift

Chez Sound Of Violence, nous sommes un peu fleurs bleues (ou vieux jeu, ça dépend des perspectives), nous aimons les idylles qui prennent du temps à se construire, les longs préliminaires faits de rencontres régulières qui, si elles ne connaissent aucun retournement de situation, aboutissent à une relation solide et durable. C'est donc de cette façon que nous considérons notre histoire avec October Drift, le groupe de power pop tonitruant toujours mené par Kiran Roy, accompagné de ses amis Dan Young, Alex Bipham et Chris Holmes. Un groupe de potes, qui se connaissent depuis leur adolescence, qui a évolué aussi doucement que sûrement, débutant malencontreusement sa carrière durant la pandémie et qui a su tenir bon face aux remous tant du COVID-19 que du maudit Brexit avant lui.

Jamais découragés, les Anglais s'attellent donc à la tâche depuis maintenant quatre années, et c'est en cette rentrée automnale que nous découvrons enfin le troisième opus d'October Drift nommé Blame The Young. En vérité, nous l'écoutons depuis le mois de mai et le concert de chauffe du groupe au Supersonic à Paris, qui leur avait permis de tester en conditions réelles quelques titres de ce nouveau disque, et d'ainsi donner un aperçu de ce qui allait attendre les fans. Ces derniers étaient bien présents au club de la Bastille, et c'est à la toute fin du concert que Kiran nous murmura à l'oreille que le disque étant prévu en septembre, il serait suivi d'une tournée en bonne et due forme, laquelle passera par le Point Ephémère dans la capitale le 16 décembre prochain. Notre intégrité journalistique nous a donc tenu depuis au secret, et c'est avec beaucoup de plaisir que nous pouvons enfin vous toucher deux mots sur la suite des aventures d'October Drift.


Blame The Young porte le nom de son single le plus évocateur, qui ouvre le disque et qui, en quelques minutes, nous place sans équivoque dans l'atmosphère de ce nouvel essai : la power pop reste la plus grande influence d'October Drfit et, fiers de leurs références, ces derniers perpétuent la transmission de cet héritage avec beaucoup de maitrise et de brio. Néanmoins, là n'est pas la seule corde à l'arc des musiciens, bien que se maintenant dans un registre très accessible, où les guitares savent rugir mais toujours accompagnées d'une orchestration très riche qui encadre la fureur que pourraient dégager les musiciens. Place est faite aux harmonies catchy, qui restent facilement en tête et qui dédient les morceaux comme Demons, Tyrannosaurus Wreck ou Everybody Breaks à un large public, friand de pop rock easy listening et divertissante.

Nous retrouvons le chant assuré de Kiran, aux tonalités plutôt graves et sachant toujours au bon moment lâcher la bride pour porter son timbre bien au-delà du seuil de décibels autorisés. Beaucoup de chœurs se voient disséminés sur les titres, méthode de chant donnant pas mal de caractère à ces derniers, et qui d'une certaine façon freinent un peu les ardeurs dont pourrait bien plus faire preuve le groupe. C'est cependant une liste de morceaux très agréables à écouter qui défile rapidement mais offre exactement ce qu'un grand nombre d'auditeur recherche : un pur moment de détente, de laisser aller, une musique sans aucune prise de tête qui vous sort de votre quotidien tout gris.


Nous noterons néanmoins quelques plages gagnant à sortir du lot tel le très beau Wallflower, aux sonorités toute en volupté et dont la guitare profonde alliée au chant clair de Kiran fait exception sur la totalité du tracklisting. En fin d'album se trouvent Hollow et Heal, morceaux montrant un peu plus d'audace car moins calibrés grandes ondes FM, preuve qu'October Drift peuvent se challenger et c'est ici peut-être les premiers signes d'une transition à venir, ou tout simplement pour eux également la maturité qui pointe le bout de son nez.

Avec Blame The Young, October Drift confirment leur statut de très bon groupe de power pop tout en amorçant quelques virages intéressants pour la suite à venir. Et comme ils nous l'ont déjà démontré à de nombreuse reprises, les quatre anglais n'attendent que de rencontrer leur public pour décupler le potentiel de leur morceaux, Kiran et sa bande se dégustant surtout en live, exercice où ils sont passés maitres et ce dès leurs tous débuts.