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Ezra Collective

Dance, No One's Watching

Ezra Collective - Dance, No One's Watching
Chronique Album
Date de sortie : 27.09.2024
Label : Partisan Records
45
Rédigé par Adonis Didier, le 29 septembre 2024
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« Danse, personne ne regarde » : une incitation, une incantation proférée des dizaines et des dizaines de fois en concert par Femi Koleoso, génial batteur du Ezra Collective, aujourd'hui transformée en album, car il est temps de sortir de chez soi, sortir de chez soi et danser. Danser comme si personne ne regardait, car danser c'est comme chanter, et pour bien chanter il faut déjà commencer par chanter fort. Alors oui, peut-être que ça ne plaira pas trop aux voisins, mais souvenez-vous, personne n'entend, et personne ne regarde. Alors dansez, dans la salle de bains devant le miroir, sur le quai pendant que le train arrive, au boulot avant la pause café, dans le club jusqu'à six heures du matin, ou dans votre appartement la fenêtre ouverte, avec Dance, No One's Watching à fond, troisième album de la fabuleuse machine à gigoter son boule qu'est Ezra Collective.

Il est passé le temps du confinement, Ezra Collective ont ressorti leur afrobeat jazz hip-hop de l'étroit appartement londonien de Where I'm Meant To Be et s'affichent aujourd'hui sur toutes les scènes du monde. Fort d'un Mercury Prize et d'une réputation live en béton, le groupe profite de sa liberté retrouvée, from London to Paris to Lagos, et to partout où les gens ont besoin de danser. Plus de deux ans de lives effrénés, de multiples passages dans les capitales et ailleurs, et un nouvel album indissociable de ce besoin de jouer, de jouer encore, et de son titre. Car apprécier l'Ezra Collective, c'est se laisser aller, oublier les conventions, oublier le regard des autres, poser le vinyle sur la platine, pousser le volume à 11, et danser, like no one's watching. Vous me direz que vous avez compris, car c'est la septième et maintenant huitième fois que le mot danser apparaît dans cette chronique, mais y a-t-il vraiment autre chose à dire de cet album dont le seul et unique but est de vous dévergonder jusqu'à vous épuiser, courbaturé et transpirant, gorgé de plus d'endorphines que précédemment ?

Alors non, mais comme mon nombre de tickets resto dépend aussi de mon nombre de lignes, détaillons plus avant cette folle soirée compilée sur disque, made in the Ezra Collective. Quatre actes et une conclusion, The Herald annonce la venue du danseur fou dormant en chacun de nous, quand Palm Wine nous sert un verre en déposant les manteaux au vestiaire. Deuxième acte, God Gave Me Feet For Dancing emprunte sa voix à Yazmin Lacey pour lancer le mouvement divin de nos pieds sur le dancefloor, des pieds qui n'iront pas aussi loin qu'Ajala sur son Vespa, hommage bouillonnant de riffs de cuivres au journaliste-voyageur nigérian Olabisi Ajala, déchaînant des rythmes partis d'Afrique pour finir sans savoir comment en Australie sur un scooter italien.
Acte 3, seul le rythme existe encore, le monde n'est plus, les yeux clos on danse, des hanches serpentent dans la basse de N29, et dans nos rêves se trouve Olivia Dean, qui danse et chante No One's Watching Me. Un acte introspectif laissant place à la lumière du quatrième, les stroboscopes du club, la lueur divine traversant les vitraux de l'église, voici le climax, oh seigneur Hear My Cry, Shaking Body est une merveille de bams et de blams ne portant que trop bien son nom, Expensive remet le Expensive Shit de Fela Kuti au goût du jour pour nous rappeler d'où vient Ezra Collective, ces mecs qui ont sorti l'afrobeat et le jazz des clubs selects pour les remettre dans la rue. Même grand écart, Streets Is Calling invite la chanteuse sud-africaine Moonchild Sanelly et le rappeur ghanéen M.anifest dans un trip-hop de sortie de boîte, il est temps de rentrer chez soi, sauf que la rue appelle, et qu'on va encore finir au Café Oz jusqu'à neuf heures du matin.

Alors seulement, on rentrera, tous ensemble, Everybody comme le dit la conclusion, cinq minutes à faire sonner les trompettes avant d'aller dormir, trop content d'avoir dansé toute la nuit, et puis qui se lève avant 15h un dimanche de toute façon ? Ezra Collective, un mode de vie, et encore une fois un grand album, moins immédiat que le précédent, encore plus taillé pour le live, un album qui vous fera paraître bizarre dans la rue, au travail, dans le métro, mais la morale de tout ceci est bien qu'on s'en fout, qu'on a chanté, qu'on a dansé, et que l'on n'a même pas pensé à s'embrasser.
tracklisting
    01. Intro
  • 02. The Herald
  • 03. Palm Wine
  • 04. cloakroom link up. (Act 1)
  • 05. God Gave Me Feet For Dancing (feat. Yazmin Lacey)
  • 06. Ajala
  • 07. The Traveller
  • 08. in the dance. (Act 2)
  • 09. N29
  • 10. No One's Watching Me (feat. Olivia Dean)
  • 11. our element. (Act 3)
  • 12. Hear My Cry
  • 13. Shaking Body
  • 14. Expensive
  • 15. Streets is Calling (feat. M.anifest & Moonchild Sanelly)
  • 16. lights on. (Act 4)
  • 17. Why I Smile
  • 18. Have Patience
  • 19. Everybody
titres conseillés
    God Gave Me Feet For Dancing, Shaking Body, Streets Is Calling
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