Laura Marling

Quatre ans après son dernier disque écrit pour son enfant à naître, et après autant d'années de maternité, la compositrice Laura Marling sort son huitième album enregistré avec sa fille dans la chambre d'à côté.

Laura est probablement la songwriter de la folk anglaise la plus acclamée de ces quinze dernières années. Elle nous revient avec des chansons tendres aux allures de berceuses et un disque débutant par le gémissement d'un nourrisson. Celle dont les chansons ne nous quittent pas depuis 2008 et le fabuleux Also I Cannot Swim livre l'un de ses disques les plus aboutis et les plus poignants.

Le premier morceau, Child Of Mine sonnerait presque comme une citation du Sweet Child O'Mine des Guns N' Roses mais la comparaison s'arrête là. Il annonce un album dépouillé, comme un retour aux sources d'une simple guitare acoustique accompagnée d'une voix qui n'a jamais été aussi intense et d'un violon lointain. Patterns In Repeat est une collection de berceuses rassurantes d'une fulgurante beauté, démontrant la maîtrise et la maturité dans les compositions de l'artiste. On retrouve bien ce phrasé fragile reconnaissable entre mille, avec des textes introspectifs parlant de sa propre expérience de mère. La production est brute, comme jouée au coin du berceau, seulement accompagnée de quelques orchestrations discrètes. Les morceaux sonnent d'une manière particulière avec des idées qui les rendent uniques. Laura Marling laisse la force de ses compositions s'exprimer seule, comme si elles n'avaient plus besoin d'autres habits que leur beauté intrinsèque pour vivre.

Après l'envoûtante Child Of Mine, on retient la mélancolie poignante de Your Girl qui nous met la larme à l'œil avec une simplicité à la Blackbird. Les titres sont assez courts à l'image de No One's Going To Love You Like I Can qui s'envole au-dessus de nous en s'en éloignant tout aussi vite. Avec The Shadows, Laura Marling renoue avec un coté americana qui ne détonnerait pas dans un western. Elle reprend Looking Back, une chanson de son père Charlie Marling avec cette voix grave et douce emplie de sentiments.
Surprise, un des morceaux s'appelle Lullaby, même s'ils pourraient tous s'appeler ainsi. Celui-ci est vraiment à lancer avant de s'endormir : « sleep in my arms, sleep my angel », une chanson pour un bébé qui ne peut faire qu'une nuit parfaite après l'avoir écoutée chantée par sa maman. Si le sommeil n'est pas encore là, il reste encore deux titres à écouter, dont Patterns In Repeat, un format plus long qui expérimente un passage dans plusieurs dimensions avec ces chœurs flottants et cette voix parlée qui semble s'adresser à nous.

Une reprise de Lullaby en instrumental termine le disque pour réellement nous endormir et nous laisser sur une note nocturne. Laura Marling brille toujours dans la nuit avec un album qui laisse ses compositions dans leur plus simple appareil, avec cette subtilité qui lui est propre et un sentiment de perfection.