Chronique Album
Date de sortie : 13.11.2024
Label : Divine Schism
Rédigé par
Adonis Didier, le 17 novembre 2024
On a tous dans le cœur un p'tit mec blond qui bricole, sa guitare au fond du bar, pendant que le public picole. On a tous dans le cœur un morceau d'folk arraché, d'un carnet d'pages en papier, balancé sous le canapé. Et Lou Terry chantait (et Lou Terry chantait), et Lou Terry chantait (et Lou Terry chantait), un truc qui m'colle encore au cœur et au corps. It's been a haaaard daaaaays niiiiight, and I've been... Ah pardon, ça c'est les Beatles ! Mauvaise décennie et mauvais coin de l'Angleterre, car cette chronique ne concernera que Lou Terry et son groupe, le seul blondinet dans le vent de la ville de Deptford, banlieue sud-est de Londres, pour la sortie de son premier véritable album : Building A Case.
Construire un « case », construire Lou Terry, à la fois un cas, une valise, et la moitié d'un escalier, le genre d'homme à parfaitement savoir où il va jusqu'à ce qu'il décide d'aller ailleurs, balançant constamment en équilibre entre l'adolescent émotif gratouilleur de guitare, le poète torturé du fond du pub, et le bidouilleur électronique agitant ses potards dans sa chambre. Un numéro de jonglage alternative folk tournoyant en l'air comme John Cooper Clarke lancé sur une chanson de Eels avec Beck à la production, ou l'inverse, ou peut-être encore l'inverse, permutation circulaire de quilles apportant à chaque chanson une nuance d'inattendu et une texture musicale nouvelle. Et partout par-dessus, la voix éraillée et nasillarde de Lou Terry, Bob Dylan des temps modernes à qui il ne manque qu'un harmonica et trente-huit albums, passant des très beaux arpèges de Green Man à Coke In The Dream, chanson de pub alt-rock foutraque, pour rebondir sur la boîte à rythmes de Canyon et ses touches électroniques, traçant sur des rails posés au beau milieu d'un désert rouge de poussière et de folk.
On rajoutera à cette belle collection l'intensité criante de Deep, les éclairs lo-fi grunge de Calcium, et les plus classiques mais encore plus belles Yellow Top et Rollercoaster Therapy. De la pop-rock à fleur de peau, parce que Lou Terry ne sait faire les choses qu'à fleur de peau, lui qui a déjà tourné avec Black Country, New Road et Porridge Radio, et comme résultat deux chansons à l'honnêteté désarmante, fondues en une pop-rock qui ne prétend pas être mais qui est, qui vit, et qui s'envole sur deux magnifiques solos comme on en fait plus assez en 2024. Car en fin de compte, Building A Case est un album de folk-rock principalement humain et touchant, réalisé par Lou Terry mais pas que, car il y a aussi Emmett, Luke, Armando, Mandy, piglet, Niki, Jonny, Michael, Malachi, Finn, Harri, Amy, Katie au clip, Holly à la pochette, et Divine Schism au label.
Une galaxie de musiciens et d'artistes de Londres et d'ailleurs réunis sur un seul et très beau disque, Building A Case de Lou Terry qui, s'il ne révolutionnera pas le monde vous permettra de passer l'hiver au chaud, avec au cœur et au corps le feu de douze chansons racontant Lou Terry, construisant Lou Terry, ce talentueux blondinet à qui il ne reste qu'à décider, décider s'il souhaite plutôt devenir une valise ou la moitié d'un escalier.