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Nick Wheeldon

Make Art

Nick Wheeldon - Make Art
Chronique Album
Date de sortie : 22.11.2024
Label : Le Pop Club Records
45
Rédigé par Pierre-François Long, le 17 novembre 2024
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Cela a déjà été écrit il y a neuf mois, mais le doute n'est plus permis : il faudra un jour que la science se penche sur le cas Nick Wheeldon. Voilà quelqu'un qui parvient à avoir un rythme de production effréné et qui, pourtant, parvient à maintenir ladite production à un niveau de qualité certain, pour ne pas dire remarquable. Rappelons que le garçon a déjà sorti un album le 2 février dernier, et qu'il nous remet ça, et avec un double disque s'il vous plaît, chaque face ayant son ambiance propre.

Si Waiting For The Piano To Fall avait été enregistré avec les Living Paintings, le plus anglais des songwriters anglais – il est installé à Paris depuis plusieurs années désormais – a couché sur bandes Make Art en l'espace d'un mois avec d'autres amis, d'où l'appellation « Nick Wheeldon & Friends ». Différences notables par rapport à l'album précédent : des chansons souvent plus courtes – parfois moins de deux minutes – et la présence d'un saxophone, instrument absent de sa dernière livraison.

Face A, la face « balades en picking ». In A Wilderness Forgotten débute ainsi le disque par des bruits divers, puis un délicat picking surgit du vacarme, avant la voix de Nick Wheeldon, un violon, et enfin une deuxième voix. Dressage de poils immédiat. Le tout a duré exactement cent-cinq secondes. Le ton est donné, l'album sera grand. Sur cette face, seule I Thought Of You From Afar propose un rythme enlevé, sonnant comme un excellent inédit des Pogues. No God et Empty Room sont en revanche beaucoup plus apaisées, avec la voix de Nick Wheeldon soit nimbée d'écho, soit doublée par un alter ego féminin (Anna Henrotte-Bois sur ce titre), avec toujours de délicats accompagnements sur le registre picking/violon.

Face B, qu'on pourrait sous-titrer « Nick Wheeldon rend hommage à Bob Dylan et Neil Young ». Sur celle-ci, Glue voit une batterie et un piano s'inviter à la fête, mais avec un côté claudiquant rappelant Neil Young période Harvest lorsqu'il était accompagné par les Stray Gators. En prime, on note un saxophone foldingue et Nick Wheeldon s'arrachant vocalement pour un résultat simplement excellent. Même topo avec Comedy et sa basse bondissante. Là c'est plus du côté de Bob Dylan que ça se passe, avant I Found A Home, morceau commençant avec une guitare désaccordée en mode sitar. Arrive ensuite une chanson bouleversante : ce n'est ni Neil Young, ni Bob Dylan, juste Nick Wheeldon, son picking, sa voix, chantant les horreurs de la guerre. C'est sublime. Pour clôturer cette face, Skimming Stones, plus rythmée, avec la présence d'une nouvelle voix féminine (Marina Cerrudo cette fois) et une fin bruitiste intéressante.

Face C, ou face « Nick Wheeldon a vraiment poncé Harvest ». Start Again est portée par un petit riff extrêmement efficace et par un groove de la basse redoutable. Tout ne tombe pas forcément de façon hyper carrée – le piano donne parfois le sentiment d'être à la bourre – mais c'est ça qui donne son charme au titre. On notera une grosse référence à Heart Of Gold de qui-vous-savez au détour du pont et de l'outro. Shot Of Turpentine laisse la part belle aux instruments, notamment les cordes, avant qu'on embraye sur The Idealiste, toujours estampillée avec le label Harvesto-compatible, mais attention, on n'est pas sur du plagiat, Wheeldon ayant suffisamment de talent pour composer un titre qui lui soit vraiment propre. Garden, Oh Garden, qui dure à peine une minute, clôt cette face avec un sitar comme instrument lead, et fait office de pause avant l'emballement final.

Face D enfin, ou face « Nick Wheeldon en a encore sous le pied ». Garden Of Doubt marche dans les traces de la Girl From The North Country de Bob Dylan, mais là encore, la très forte singularité de la voix et des arrangements de Nick Wheeldon font que ce morceau va bien au-delà de la simple influence. Hand Me Down Child sonne, incroyable mais vrai, comme si John Lennon et Suede avaient fusionné alors que The Fall Of The Grand Monument et son vrai-faux départ, met en lumière une nouvelle fois la très belle cohésion unissant les musiciens, ces derniers étant mis en valeur par un final instrumental faussement bordélique et franchement réjouissant. Enfin, Marina Cerrudo revient pour une ballade sépulcrale, Naked In Death, marquée par la rencontre entre des cordes prises de folie et un énième délicat picking.

A l'évidence, Nick Wheeldon vient non seulement de signer son meilleur album, mais surtout un album qui fera date. Combien sont-ils en 2024 à proposer un disque de ce calibre, neuf mois seulement après un précédent qui était déjà remarquable ? Il ne reste plus qu'à espérer que Make Art, qui porte vraiment très bien son titre, permette à son auteur de toucher le plus grand nombre possible d'auditeurs. Il le mérite amplement.
tracklisting
    01. In A Wilderness Forgotten
  • 02. I Thought Of You From Afar
  • 03. No God
  • 04. Empty Room
  • 05. Glue
  • 06. Comedy
  • 07. I Found A Home
  • 08. Skimming Stones
  • 09. Start Again
  • 10. Shot Of Turpentine
  • 11. The Idealist
  • 12. Garden, Oh Garden
  • 13. Garden Of Doubt
  • 14. Hand Me Down Child
  • 15. The Fall Of The Grand Monument
  • 16. Naked In Death
titres conseillés
    In A Wilderness Forgotten, Glue, I Found A Home
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