Chronique Album
Date de sortie : 10.01.2025
Label : Domino Records
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 6 janvier 2025
Après une incursion dans des sonorités plus électroniques, Franz Ferdinand seraient-ils rentrés dans le droit chemin du post-punk qu'ils sont les premiers à avoir remis au goût du jour il y a 20 ans ? Bien qu'intitulé Audacious, le premier extrait de The Human Fear dévoilé dès le mois de Septembre laissait présager un album très convenu. Le morceau fait son chemin, on y découvre des arrangements mélodiques ambitieux et un style presque pompeux de fans de Queen. Finalement, il est peut être audacieux en 2025 d'assumer son style et d'en être fier...
Après une centaine de concerts pour promouvoir son Best Of, le groupe a fait la paix avec son héritage, et surtout intégré son nouveau line-up. Ainsi, autour d'Alex Kapranos et de Bob Hardy, membres fondateurs du groupe, on retrouve Audrey Tait à la batterie, Dino Bardot à la guitare et Julian Corrie à la guitare et aux claviers. C'est donc dans un style maîtrisé et fort d'une énergie nouvelle que le groupe a enregistré son sixième album.
Comme pour sceller ce second départ, Franz Ferdinand ont fait appel pour la première fois à un de ses producteurs précédents. Mark Ralph, qui avait produit Right Thoughts, Right Words, Right Action, est de retour aux manettes. En terrain connu, le groupe s'amuse, n'a pas peur des clichés 60s, mais reste précis pour ciseler onze pépites pop. L'air de rien, ces chansons entraînantes sont rudement bien arrangées. Chacune tourne autour des trois minutes et, pourtant, elles comptent leur lot de changements de rythmes et de riffs imparables.
La production très directe sublime les détails et laisse chaque instrument exprimer sa signature sonore. Chacune des chansons a sa personnalité, donnant à l'album beaucoup plus de diversité qu'il n'y paraît de prime abord. Tout y est question de perspective, comme dans ces histoires effrayantes qui puisent leur puissance de leur vraisemblance. Il est davantage question d'authenticité ici car Franz Ferdinand ont toujours aimé le théâtre, ses décors et ses costumes.
Ainsi The Doctor, Hooked ou Cats sont comme des scénettes amusantes pleines de l'énergie et de la malice d'un jeune groupe, mais les riffs et le groove laissent entendre l'expérience d'un groupe confirmé. Build It Up, Night and Day, Bar Lonely auraient pu être sur leur deuxième album, celui où ils savaient ce qu'ils voulaient faire et surtout comment le faire. Ici Franz Ferdinand écrivent avec confiance, comme quand le succès est moteur, probablement boostés par leurs récentes tournées. Et quant à aller puiser dans ses racines, Alex Kapranos nous emmène même en Grèce avec Black Eyelashes et son intro au bazooki. Du soleil, nous en avons aussi sur Tell Me I Should Stay qui nous transporte dans la Californie des années 60 et le glamour de la pop de Lee Hazelwood.
Sept ans après un disque réussi mais qui sonnait comme le dernier sursaut d'un groupe qui ne sait plus trop ce qu'il cherche, Franz Ferdinand s'offrent une cure de jouvence salutaire, directement à la source de leur musique, et confirment que la solution la plus simple est presque toujours la meilleure.