Chronique Album
Date de sortie : 10.01.2025
Label : City Slang
Rédigé par
Adonis Didier, le 10 janvier 2025
Le programme que vous vous apprêtez à lire et écouter comporte des propos féministes, wokistes, islamo-gauchistes, ainsi que quelques insultes gratuites en écriture inclusive. Il est donc déconseillé aux réacs, aux racistes, aux mascus fragiles, ainsi qu'aux fans de Bernard Arnault. Et pour ceux qui seraient toujours là, it's Cuntology 101, BITCH ! Alors bienvenue dans cette introduction à la connasserie, connasserie comme connasse, connasse comme con, et le con vous savez c'est la chatte. Et pour ce premier cours de l'année, je vous prie d'accueillir des invités de marque, des expertes mondialement reconnues, toutes deux titulaires de plusieurs doctorats en connasserie et dans l'art de casser les couilles : Phoebe Lunny et Lilly Macieira-Boşgelmez.
Les Lambrini Girls, un duo de meufs queers accompagnées d'un.e batteur.euse cagoulé.e, dont le premier EP You're Welcome avait posé une énorme merde enflammée sur le paillasson du punk anglais avec un petit écriteau « de rien » par-dessus. Un EP et une des plus grosses réputations live d'Outre-Manche pour le duo de Brighton, pas un hasard si les trois concerts français du groupe en février affichent déjà complets, des meufs qu'on pourrait considérer comme des folles furieuses en sous-vêtements, dont beaucoup doutaient qu'elles pourraient tenir la distance d'un premier album, et pourtant ! Car si leur EP avait entièrement été écrit par la chanteuse-guitariste Phoebe Lunny, l'expérience Lambrini Girls se vit désormais au pluriel, avec l'arrivée à la basse et à la composition de Lilly Macieira-Boşgelmez, et une évolution d'un riot-punk primaire et irascible vers ce que le groupe décrit lui-même comme de la « stupid bitch music » : un noise-punk produit, puissant et grave, projetant le chant et les accents de sa parolière les deux pieds en avant dans la gueule de la société.
Parce que l'on vit dans une saucisse, une saucisse passée au barbecue par Who Let The Dogs Out, ce premier album des Lambrini Girls produit par le pape du noise-rock Daniel Fox, et ça commence très bien parce qu'on va maintenant parler de la police ! Aucun sujet polémique ne sera évité, Bad Apple hurle sur les flics toutes sirènes dehors, la basse grésille comme si elle prenait feu, et c'est tout le système policier qui en prend pour son grade. Company Culture pousse de froides guitares post-punk en avant, Phoebe ne veut toujours pas sucer Michael pendant la pause-dej', Michael qui a peut-être lui aussi la Big Dick Energy, mais est-ce qu'elle est vraiment si grosse que ça cette bite ? Une des pièces maîtresses de l'album, un classique live depuis plus d'un an, pour quatre minutes et dix-sept secondes dédiées à contrer la culture viriliste de mecs fragiles et frustrés prêts à tout pour justifier une prétendue domination sur la femme et un droit à l'agression sur la base de « j'ai une grosse bite ».
Bref, une thématique qui rappelle quelques chansons de Dream Nails, et en parlant de ça bonjour No Homo, du pop-punk avec chœurs et riffs ultra accrocheurs au message plus que clair et aux ongles impeccables. Des ongles de rêve on revient à la musique de stupides plages, noise-punk, post-punk, riot-punk, tout ça dans un shaker, secouez jusqu'à vomir le fond de votre bouteille de whisky dans la préparation, servez glacé avec un petit parasol et deux ou trois bonbons, et dégustez votre classic Lambrini Girls shit, parce que Nothing Tastes As Good As It Feels. Pour varier, saupoudrez d'un peu de Communist Propaganda¸ ajoutez le groove remuant de Filthy Rich Nepo Baby, et touillez dans le fond du verre un peu de la première personne de Special, Different, la première des trois dernières chansons de l'album.
Trois chansons qui marquent un tournant véritable dans ce que l'on pensait les Lambrini Girls capables de faire ou non. Les introspections touchantes de Special, Different et Love forment un canot de sauvetage émotionnel dans un océan de cris et de dénonciations, Love et son calme Sprintsesque attendant dans l'œil du cyclone le passage final de cet ouragan noisy porté par les filles du Lambrini. Tout ça pour en revenir à notre introduction, Cuntology 101, le b.a.-ba de la connasserie, un groove dub-électro-noise mélangeant énergie punk et fierté féminine et queer avec l'esprit d'une boîte de nuit londonienne en l'an 2000, un combo stupéfiant, stupéflipant, et la preuve ultime que les Lambrini Girls sont devenues capables de tout, et surtout du meilleur.
Who Let The Dogs Out, plus qu'un premier album, est une Cadillac en feu montée sur vérins remplie de subwoofers hurlant à la mort que la société est merdique et que la vie est fun, hurlant à qui doit l'entendre tous les bons conseils pour être la meilleure connasse sur la bitch cet été ! Parce qu'être une bonne connasse c'est apprendre à dire non, apprendre à s'aimer, apprendre à lâcher prise, et parfois c'est aussi avoir du sperme sur sa chemise !