Chronique Album
Date de sortie : 24.01.2025
Label : DITZ
Rédigé par
Lena Inti, le 20 janvier 2025
Il fait nuit. Vous embarquez dans un break Volvo. Vous mettez votre ceinture et vous prenez l'autoroute. En fond, un morceau instrumental vous berce. Vous jetez un coup d'œil rapide à l'autoradio : V70. Quelque chose bouillonne. Une tension grandit. L'atmosphère s'épaissit à mesure que le jour point, discrètement. Le ciel et la brume du matin sont rosés. Pourtant quelque chose vous angoisse ; ce Taxi Man est pour le moins étrange. La chanson en fond n'arrange rien avec ses gros riffs menaçants et sa batterie lancinante. Alors que vous traversez un pont, le chauffeur ralentit, se retourne vers vous et la seule chose dont vous vous souvenez ensuite c'est de cette soudaine accélération qui fait vrombir le moteur dans un bruit lourd et puissant, et que vous passez le reste du trajet à vous parler pour vous calmer.
Vous sortez du taxi une fois arrivé(e) à destination, mettez vos écouteurs et, surpris(e), vous regardez le titre qui s'affiche sur votre écran : Space/Smile. Comment est-ce possible ? Vous vous laissez emporter par l'ambiance bruitiste et brutale dans la continuité de Taxi Man, qui vous invite à danser et à faire la fête, bien que l'ambiance musicale semble plutôt se rapprocher de celle d'un pogo dans une cave sombre. Même pas deux minutes de basse et de sons industriels et le titre est déjà fini.
Vous êtes une personne curieuse alors vous continuez d'écouter cet album, Never Exhale, puissant, détonnant, plein d'urgence, et aux paroles pas toujours joviales. Psychorigide, vous ne comprenez pas bien pourquoi la cinquième chanson s'appelle Four, mais qu'importe, ces explosions de guitares stoner, comme sur Senor Siniestro et God On A Speed Dial, de bruits industriels et de rythmes parfois dansants vous entraînent.
Toujours en apnée dans cette bulle pesante et électrique similaire à un orage en approche, Smells Like Something Died In Here, mots répétés nonchalamment tels un mantra par Cal Francis tout au long du titre, vous surprend par sa lenteur et ses remarquables notes de synthétiseur à la sonorité glaciale et industrielle. N'expirez pas, retenez votre respiration, car ça ne sent pas bon là-dedans, et surtout, la tension ne retombe pas. Pourtant, cette succession de titres sombres est d'une efficacité redoutable et vous vous surprenez à vous déconnecter de ce qui vous entoure.
Pour une raison que vous ignorez, alors que le soleil est revenu, vous montez à bord d'un poids lourd, 18 Wheeler, ligne de basse aussi grave que grasse, son aussi massif qu'un camion de fret lancé sur une nationale. Les vibrations qui vous traversent et l'environnement vous impressionnent, alors que bientôt débute The Body As A Structure dans vos oreilles. Votre corps est là, sans organes ni hémoglobine, mais votre esprit est ailleurs. Est-ce que tout cela est bien réel ? Vous vous appelez désormais Britney, et vous vous envolez lentement au-dessus de ce paysage entre hiver givré et printemps, la lumière du soleil couchant illuminant votre visage dans un final planant, progressif, sublime. Et la nuit tombe.
Vous ne savez pas encore très bien ce que vous venez de vivre. Une transe ? Une expérience de mort imminente ? Un voyage astral ? Expirez un bon coup et sachez que tout va bien : c'est l'effet DITZ.