Déjà auteurs d'un EP (WHERE R U EP) et d'une mixtape (BOX), HONESTY nous ont déjà prouvé qu'ils étaient les architectes d'un univers unique. Sur scène les vidéos emmènent l'audience dans une expérience immersive, sans support visuel l'album a néanmoins la puissance évocative d'un voyage qui traverserait des phases de contemplation, d'introspection ou d'explorations. Dignes héritiers de Massive Attack ou UNKLE, leurs ambiances passent de l'électro ambiant à la lounge urbaine en passant par un trip-hop obscur. Les variations de style permettent de garder l'audience en alerte même dans les passages les plus lents.
Après trois ans de travail, U R HERE est un album dans lequel on se sent bien et dont on aimerait même que les morceaux s'étendent un peu plus. Les titres reposent sur deux piliers : d'un côté une rythmique ultra travaillée tant sur le jeu que sur les sons utilisés, de l'autre les voix qui donnent une impression de rêve éveillé à chaque chanson. Le collectif fondé par un ex-chanteur, George Mitchell d'Eagulls, et un producteur, Matt Peel (Eagulls, mais aussi Treeboy & Arc, Yard Act, Divorce...), s'est vite entouré au chant de Josh Lewis et Imi Marston qui ont fini par devenir des membres à part entière. Mais comme un chanteur et une chanteuse n'étaient pas suffisants, ils en ont invité d'avantage.
Les fondateurs de HONESTY veulent faire quelque chose de différent de leur univers post-punk d'origine. Sans guitares ni batterie, ils recréent le même genre d'émotions mais la distorsion prend une tout autre dimension. Comme un rebelle devenu zen, la rage est canalisée dans un discours qui se développe calmement, d'apparence inoffensif, mais bien plus subversif quand on prend la peine de regarder sous le vernis polissé. Pour prendre une analogie visuelle chère au groupe, c'est un peu comme si un photographe se mettait au dessin.
HONESTY doivent se sentir à la maison sur un label aussi éclectique que Partisan Record (Ezra Collective, IDLES, PJ Harvey...). Ce confort familier est omniprésent dans leur musique façonnée et enregistrée en prenant le temps dans le studio de Matt Peel. Cette musique électronique est davantage faite de spirales que de boucles tant elle vous amène ailleurs. Si la répétition a quelque chose de rassurant, l'évolution apporte ici quelque chose de fascinant.